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La mort leur va si bien

Pendant plus de six ans, des étudiants et des chercheurs ont recensé 461 monuments funéraires romands. Ces travaux sont désormais accessibles grâce à la parution de deux beaux ouvrages illustrés.

Sous le titre Le marbre et la poussière, les Cahiers d’archéologie romande publient un inventaire en deux volumes du patrimoine funéraire romand, du XIVe au XVIIIe siècle. Cette balade au pays des ombres a été une «aventure plutôt joyeuse», malgré sa thématique funèbre, relève Dave Lüthi, professeur assistant en Section d’histoire de l’art et directeur des ouvrages. En effet, à l’occasion de cinq séminaires, le recensement a mobilisé plus de 50 étudiants très motivés, dans une ambiance de «complicité intellectuelle et amicale».

Parmi eux, Adrien Gaillard, aujourd’hui doctorant à l’UNIL. «Ces monuments sont des objets méconnus et intrigants, qu’il a fallu s’approprier.» Avant de pouvoir «rendre visible un patrimoine négligé», c’est à un «parcours du combattant» qu’il a fallu se livrer, avec des observations in situ dans les cantons romands, des recherches en archives et l’apprentissage de la rédaction scientifique, aux côtés de chercheurs confirmés issus de nombreuses disciplines. Une période «initiatique», comme l’indique Adrien Gaillard.

Enrichi de nombreuses contributions scientifiques, cet état des lieux en plus de 600 pages ne tombe pas du ciel. Publié en 2006, sous la direction de Claire Huguenin (conservatrice au Musée cantonal d’archéologie et d’histoire), de Dave Lüthi et de Gaëtan Cassina (professeur honoraire), l’ouvrage Destins de pierre était consacré aux monuments funéraires de la cathédrale de Lausanne. Le marbre et la poussière représente une ambitieuse extension romande de ce travail.

Même le plus simple des objets recensés «nous a appris quelque chose», note Dave Lüthi. De plus, l’étude a permis de faire connaissance avec les auteurs de ces œuvres, comme le sculpteur Johann Friedrich Funk, mort en 1775. Et de constater que, malgré les particularismes locaux, la Suisse romande de l’Ancien Régime baignait dans des influences culturelles internationales, comme en témoignent certains éléments stylistiques originaires des pays voisins.

La lecture des deux ouvrages rend attentif à la valeur de ces dalles et monuments, dont certains sont splendides. Comme le note Jacques Bujard, conservateur des monuments historiques du canton de Neuchâtel, «pour conserver, il faut connaître. Donc découvrir et recenser.» Les Etudes (volume I) et les Catalogues (volume II) ramènent à la lumière des trésors un peu oubliés. Ils constituent également les outils nécessaires à de futurs travaux de recherche.

livres_alpesLe Cervin, montagne magnétique, attire à lui les appareils photo des touristes. Au fil du temps, ce qui fut un objet de crainte et de fascination est devenu une icône marketing. Comment un tel changement dans notre regard a-t-il pu se produire? Pour y répondre, Claude Reichler, professeur honoraire, explore les livres illustrés des XVIIIe et XIXe siècles consacrés aux Alpes. Son ouvrage passionnant se double d’une riche iconographie, accessible sur internet.

Les Alpes et leurs imagiers. Voyage et histoire du regard. Par Claude Reichler. Presses polytechniques et universitaires romandes – Le savoir suisse (2013), 144 p.

livre_mortQu’est-ce qui pousse certains à s’engager comme bénévoles auprès de personnes en fin de vie? Anthropologue et chargé de cours à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL, Yannis Papadaniel a suivi pour sa thèse deux groupes de volontaires en Suisse romande pendant trois ans. Davantage que les motifs de leur engagement, le chercheur a sondé le sens que les accompagnants attribuent à leur activité auprès des mourants. Des perspectives inédites quant à notre relation à la mort.

La mort à côté. Par Yannis Papadaniel. Editions Anacharsis (2013), 199 p.

livre_tatouageTrès populaires aujourd’hui, les tatouages font l’objet de nombreux articles. Mais on connaît moins bien les personnes qui les réalisent. Valérie Rolle, chercheuse à l’Institut des sciences sociales, s’est intéressée au monde des tatoueurs. Enrichi de témoignages et de photographies, cet ouvrage propose un parcours très complet dans toutes les dimensions de la production d’un tatouage, de la négociation initiale du projet avec le client à sa réalisation concrète.

L’art de tatouer. Par Valérie Rolle. Editions de la Maison des sciences de l’homme (2013), 392 p.

livre_sommeilL’être humain passe un tiers de sa vie à dormir, autant connaître le sommeil de A à Z. En parcourant ce livre facile à lire, écrit par une journaliste scientifique – qui collabore régulièrement à Allez savoir! – et deux médecins du CHUV, vous saurez pourquoi on dort et comment. Vos nuits sont-elles trop courtes, trop longues? A l’aide des témoignages, conseils, illustrations, cet ouvrage explique entre autres le somnambulisme, les cauchemars et l’insomnie.

J’ai envie de comprendre le sommeil. Par Elisabeth Gordon, Raphaël Heinzer et José Haba-Rubio. Collection Planète Santé (2013), 140 p.

livre_religionChercheuses à l’UNIL, Valentine Clémence et Martine Vonlanthen présentent de manière claire et simple le paysage des nombreuses religions qui cohabitent aujourd’hui en Suisse. Du judaïsme aux mouvements évangéliques les plus récents, toutes les pratiques sont traitées: aperçu historique, rites, textes fondateurs et particularités. Illustré par Mix&Remix, cet ouvrage factuel et doté d’un glossaire bien pratique remet tous les temples au milieu du village.

Les religions et leurs pratiques en Suisse. Par Valentine Clémence, Martine Vonlanthen et Mix&Remix. Editions Loisirs et Pédagogie (2013), 104 p.

livre_dorignySur les pas de Guido Cocchi

Site d’études universitaires et de flâneries dominicales tout à la fois, le campus de l’UNIL à Dorigny invite également à la promenade architecturale. Un ouvrage publié à l’occasion de l’inauguration du bâtiment Géopolis, le 3 octobre 2013, fourmille d’informations relatives à l’histoire de ces lieux. Ainsi, les milliers de personnes qui les arpentent tous les jours ne se doutent sûrement pas que ce coin de verdure aurait pu devenir «l’aéroport vaudois Lausanne-Ecublens», si le peuple n’avait refusé le projet en novembre 1946, par crainte des nuisances sonores.

Dix-sept ans plus tard, le canton acquiert l’immense propriété idyllique de Dorigny, qui appartenait à l’hoirie Hoyos de Loys. Il faut imaginer que, au début des années 60, l’Université de Lausanne était installée dans plus de 40 endroits différents, dans la capitale vaudoise. De plus, l’institution était soumise à une forte hausse du nombre de ses étudiants. C’est au milieu de cette décennie que le refus d’un campus «à l’américaine», soit une bulle autonome séparée des réalités de la ville, avait été affirmé. En octobre 1970, l’Amphipôle, premier édifice de la nouvelle cité universitaire, ouvrit ses portes. Une dizaine de bâtiments ont depuis surgi de terre, au fil des décennies.

Le cœur de l’ouvrage est constitué par un montage d’entretiens entre Nadja Maillard, historienne de l’architecture, et Guido Cocchi (1928–2010), l’architecte en chef du site et cheville ouvrière de sa planification. «J’ai compris ce terrain avec mes pieds, j’ai commencé par marcher, puis j’ai dessiné», disait ce dernier. Complété par des dessins et des photographies d’archives, ainsi que des contemporaines, ce périple commenté passe par la plupart des constructions de Dorigny, en commençant par le dernier-né, Géopolis. Il ne néglige ni le Métro M1, ni les oiseaux, ni les galeries techniques des sous-sols. Le dialogue mêle histoire, architecture, aspects techniques et anecdotes personnelles, et ne se dispense pas de balancer quelques piques. Il traite également de quelques lieux moins visités, comme la bergerie ou les serres.

Fille de l’architecte, Flavia Cocchi a assuré le graphisme d’un livre accessible à tous, mais qui réserve toutefois une petite surprise aux fanatiques, dans sa dernière partie: les plans des bâtiments étage par étage, complétés de données concernant leur rénovation ou leur construction.

L’Université de Lausanne à Dorigny. Dirigé par Nadja Maillard. Infolio Editions (2013), 488 p.

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