La revue PatrimoineS se plonge dans les «Collections photographiques vaudoises». L’occasion de faire le point sur une réalité complexe.
Alors que Photo Elysée – autrefois Musée de l’Élysée – a pris possession de ses nouveaux locaux l’an dernier, un état des lieux des collections photographiques vaudoises s’imposait. La revue PatrimoineS s’en charge avec efficacité dans un numéro comme il se doit largement illustré. Quel régal de découvrir l’ancien directeur de la Cinémathèque suisse Freddy Buache arpentant les rues de Lausanne en compagnie de Luis Buñuel ou de retrouver l’audace et l’énergie des photos sorties des ateliers de l’ECAL.
Valorisation de la photographie
Faire le tour de ces richesses représente un authentique marathon. Comme le souligne dans l’introduction Olivier Lugon, professeur d’histoire de la photographie à l’UNIL, «le Canton de Vaud se distingue par sa remarquable densité d’institutions vouées à la conservation et à la valorisation de la photographie». Il peut ainsi s’enorgueillir de posséder pas moins de deux musées spécialisés dans le domaine, ainsi qu’une multitude de fonds. Au gré d’un florilège de contributions confiées à diverses plumes, le lecteur passe de l’une à l’autre le temps d’un bref moment d’histoire. Il découvre que, dès la fin du XIXe siècle, la photographie fut collectionnée dans des institutions très disparates et avec des propos divers, parfois associée à cette autre catégorie d’images multiples que sont les gravures. Clichés à valeur documentaire ou œuvres d’art à part entière, certains clivages se sont en outre perpétués au fil des décennies, sans jamais s’estomper tout à fait.
Pour mesurer la taille de ce patrimoine, une première halte aux Archives cantonales vaudoises s’impose, avec au menu un peu plus de 4000 fonds d’archives, soit près de 40 kilomètres linéaires. On apprend ensuite que la photographie fait son entrée à l’Université de Lausanne comme matière d’enseignement au tout début du XXe siècle. Outil à but essentiellement scientifique, elle s’applique d’abord aux recherches judiciaires et policières. Mais l’archéologie, l’histoire de l’art et même la littérature recourent également à ce médium, constituant des collections qui permettent aujourd’hui d’en savoir plus sur «le rôle des images dans la constitution des savoirs».
Un coup de cœur? Un cliché qui montre la photographe Suzi Pilet installant, dans une posture d’alpiniste, la petite poupée de jute et de laine baptisée Amadou. Elle l’avait imaginé avec l’écrivain gruérien Alexis Peiry et il fut, dans les années 50, le pittoresque héros de toute une série d’albums pour enfants.