Le vent joue un rôle crucial dans la dispersion de la pollution. Etudier les courants d’air nous apprend encore à identifier les situations critiques pour prendre des mesures efficaces. On découvre, par exemple, que la plupart des polluants ne nous arrivent pas de l’étranger.
Le vent n’est certes pas responsable de la pollution, mais il joue un rôle crucial dans sa dispersion, et, de ce fait, il influence directement la qualité de l’air. A cet égard, «les conditions les plus critiques sont celles où l’on a des vents faibles», souligne Jean-Michel Fallot, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut de géographie de l’UNIL.
Un autre cas délicat est celui des situations anticycloniques accompagnées d’un ciel clair, qui favorisent l’accumulation d’air froid, lourd et stable dans les vallées et les dépressions. «Les polluants se trouvent alors piégés dans cette couche d’air. Le phénomène est encore plus important en hiver, car les nuits sont plus longues et le refroidissement plus important. Il peut donc ainsi persister plusieurs jours.»
En hiver, les polluants restent bloqués au-dessus des villes
Durant la saison froide, ce sont essentiellement les polluants «primaires» qui posent problème. Faute de vent pour les disperser dans l’atmosphère, les oxydes d’azote, le dioxyde de soufre, les poussières fines et autres polluants émis par les activités humaines restent bloqués au-dessus des villes et des campagnes. En été, l’absence de ventilation favorise, près du sol, les concentrations élevées d’ozone, un gaz qui se forme par réactions chimiques entre certains polluants primaires et le rayonnement solaire.
«Il est donc utile d’étudier les vents pour identifier les situations critiques, mais aussi pour savoir où ces polluants seront transportés et pour prendre les mesures adéquates», explique le géographe lausannois.
Peu de polluants étrangers dans nos vallées
Cela permet aussi de battre en brèche quelques idées reçues. «Dans les années 1980, à une époque où l’on se préoccupait de la mort des forêts, on avait coutume de dire que la pollution atmosphérique venait de l’étranger», rappelle Jean-Michel Fallot.
Il faut pourtant se faire une raison: dans notre pays, la plupart des polluants émis ont une durée de vie trop courte pour être transportés sur de grandes distances. Ce qui fait dire au géographe que, à l’exception de l’ozone qui persiste plus longtemps dans l’atmosphère, «les polluants qui affectent la qualité de l’air sont émis en Suisse».
Elisabeth Gordon