Face aux dangers, certains parents seraient tentés d’interdire l’ordinateur. Mauvaise idée, dit Anne-Sophie Peron Verloove, qui propose d’autres réactions plus efficaces.
1. Internet, point tu ne diaboliseras
«Il ne faut pas priver les adolescents d’Internet, et encore moins diaboliser l’outil, assure Anne-Sophie Peron Verloove. Car le réseau participe, désormais, à la formation de l’identité des ados. A l’heure actuelle, ne pas avoir de profil sur Facebook signifie quasiment être exclu du groupe. «Quand un jeune organise une fête, il lance des invitations via ce site communautaire. La personne qui n’y figure pas sera donc lésée», explique la chercheuse. Même victime de cyberbullying, le jeune préférera rester sur le réseau fréquenté par ses camarades plutôt que de quitter ce lieu qui le fait souffrir.
2. Sur les règles de base, intraitable tu seras
Les parents font souvent l’impasse sur les règles de prévention les plus importantes comme placer l’ordinateur dans une pièce commune et installer un filtre pour éviter que le jeune ait accès à certains sites. «Internet, c’est comme la voiture. Souvent indispensable mais potentiellement dangereux, ajoute Anne- Sophie Peron Verloove. A part quelques rares tarés, il ne viendrait à l’idée de personne de ne pas mettre sa ceinture et de rouler à 130 km/h à contresens sur l’autoroute dans sa voiture avec 3 grammes d’alcool dans le sang. C’est pareil avec le Web.»
3. Au cercle infernal, vigilant tu seras
Plus l’ado donne d’informations à son propos, plus il augmente ses chances de faire des rencontres; plus il aura d’amis, plus il paraîtra populaire auprès de ses camarades. Du coup, il communique sa date de naissance, le nom de son école, son adresse, la destination de ses prochaines vacances. Il charge des photos pour montrer où il va et avec qui. Or, laisser autant de traces augmente le risque d’être approché par des personnes mal intentionnées. La liste est longue, des cyberpédophiles aux cambrioleurs qui utilisent les dates de vacances trouvées sur Twitter pour planifier leurs méfaits. Nouveauté: les jeunes qui profitent de la date de l’organisation d’une fête chez un tiers pour venir tout casser chez eux à cette occasion. «Faire le point avec lui une fois par semaine, pour voir ce qu’il met sur le Net, s’avère judicieux», relève l’experte.
4. Le dialogue, toujours tu privilégieras
En priorité, toujours insister sur la prévention et le dialogue avec le jeune. En faisant attention à certains détails. Comme éviter de leur parler de «nouvelles technologies». «Il n’y a rien de nouveau dans leur cas. Ils sont nés avec.» Se tenir informé est important. «Si l’enfant est confronté à un problème, il aura déjà de la peine à en parler à ses parents; alors si, en plus, il doit leur expliquer ce qu’est un blog, un chat, il va baisser les bras», ajoute-t-elle. Et ne pas se contenter de leur faire peur en parlant des dangers. Mais leur expliquer comment font les personnes mal intentionnées pour sévir sur le Net. «Leur montrer comme il est facile de faire une copie-écran d’une photo, par exemple», précise la chercheuse.
5. La machine juridique, en dernier recours tu lanceras
«Quand la victime et le prédateur sont connus, instaurer le dialogue suffit souvent pour que l’agression cesse», constate Anne-Sophie Peron Verloove. Mais la voie juridique peut être actionnée en tout temps. Internet, c’est comme la rue : on n’a pas plus le droit d’y insulter quelqu’un ou de diffuser des détails sur une personne sans son accord. Et ce sont les mêmes lois qui prévalent. Un constat souvent ignoré par la majorité des utilisateurs du Web. Surtout ne jamais essayer de faire justice soi-même.
Mélanie Blanc