En Occident, de plus en plus de gens adoptent cette pratique indienne vieille de plusieurs siècles. Leur but:
se sentir bien. Ce consensus a intrigué une chercheuse de l’UNIL.
S’il existe de nombreux cou-rants de yoga dans le monde, du Power au Bikram en passant par le Nidra, le Kundalini ou le Flow, tous les yogis s’entendent sur un point: leur pratique induit un sentiment de bien-être. Il n’en fallait pas davantage pour éveiller la curiosité de Caroline Nizard, docteure en sciences sociales et politiques à l’Université de Lausanne et membre de l’Institut d’histoire et anthropologie des religions. «Un effet physiologique et un discours se construisent en parallèle», résume la chercheuse, elle-même yogini. À quoi est-ce dû?
Pour tenter de le comprendre, Caroline Nizard a analysé les pratiques en Suisse, en France et en Inde, sous l’angle du rapport au corps. Elle s’est intéressée aux processus sensori-moteurs – autrement dit, aux sensations qui provoquent une action –, effectuant des mesures du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire pour recueillir des données objectives et les lier à des discours subjectifs. Une approche inédite, toutes les études consacrées au yoga ayant jusqu’à présent abordé cette discipline par le biais de la technique et des postures.
S’écouter pour changer
Si cette fameuse sensation de bien-être amène nombre de yogis à revoir leur façon de vivre, ces changements sont liés à leur degré d’implication, dont elle distingue trois catégories, que l’on retrouve sur les deux continents. Il y a les «glaneurs», qui font de temps à autre du yoga, principalement pour gérer leur stress. Les «enthousiastes» qui s’astreignent à une pratique plus régulière et assaisonnent leur quotidien de la philosophie enseignée. Viennent enfin les «passionnés», qui s’approprient l’ensemble des valeurs proposées et s’investissent davantage. Sur les deux continents, plus les pratiquants sont avancés, plus ils sont à l’écoute de leur fonctionnement. Mais surtout, elle a relevé que beaucoup d’entre eux changent leur rapport à leur corps, ce qui influence leurs relations aux autres, au monde, à la santé, à l’alimentation et éventuellement à la spiritualité.
Le yoga aux JO?
Caroline Nizard a passé quatre ans sur le terrain. Assistant à des festivals de yoga en Inde, elle a remarqué que ceux-ci attirent souvent… une majorité d’Occidentaux. «Cet engouement pour le yoga n’a pas échappé au Premier ministre indien, qui lui a dédié une journée mondiale et un ministère», souligne-t-elle. On chuchote même que la discipline pourrait bien devenir olympique un jour ou l’autre. De quoi faire perdre leur légendaire calme aux plus puristes des yogis.