Le trésor de l’or rouge

Symbole de vie. Symbole de mort. Le sang est au cœur d’un ouvrage qui rassemble 100 questions, et leurs réponses, au sujet du précieux liquide rouge et sa transfusion.

Le sang est-il magique? Comment et pourquoi le cuisine-t-on? A quoi servent les globules blancs? Autant d’interrogations qui animent un nouveau livre, simple et pratique, pour tout savoir sur le sang et la transfusion. Corédigé par Jean-Daniel Tissot, doyen de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) et ancien directeur du Service vaudois de transfusion sanguine, l’ouvrage met l’accent, bien sûr, sur les aspects médicaux et physiologiques. Mais pas seulement.

L’or rouge y est abordé sous toutes ses facettes, qu’elles soient sociétales, éthiques ou historiques. On y apprend notamment que l’apparition de l’expression «avoir du sang bleu» remonte à l’Espagne du Moyen Age, lorsque les musulmans étaient combattus par les souverains chrétiens. Ils devaient à leurs origines wisigothes une peau pâle laissant apparaître des veines bleues. Cette coloration est devenue la marque des chevaliers et le symbole de la pureté et de la noblesse chrétienne.

Paradoxe
D’autres passages évoquent des aspects davantage culturels et recèlent quelques curiosités. En dehors de ses fonctions physiologiques évidentes, le sang sert par exemple de pigment pour le revêtement de poteries, d’aliment et même d’engrais pour les sols. «Il attire autant qu’il repousse, son évocation est souvent très paradoxale… Symboliquement, ce liquide est associé à la pureté, au Christ et à la rédemption. Mais en vérité, il transporte les déchets, est rempli de cadavres. Cette dichotomie entre le regard porté et la réalité des faits me fascine depuis toujours», révèle Jean-Daniel Tissot.

A quatre mains
Réalisé avec la complicité d’un ami de longue date, Olivier Garraud, professeur à l’Université de Lyon, le petit livre s’adresse à un public très large. «Nous avions à cœur de partager notre amour pour l’hématologie, l’immunologie et la médecine transfusionnelle.» Mais il s’agit avant tout d’un hommage à Jean-Jacques Lefrère, le «troisième lulu», hématologue et grand spécialiste de Rimbaud, disparu récemment. Les trois médecins avaient étroitement collaboré à la création de deux précédents ouvrages (Le sang: Arts, sciences, vie, Favre, 2011 et L’immortalité, un sujet d’avenir, Favre, 2014).

«Un grand nombre d’idées et de valeurs communes nous animaient, en particulier la dimension humaniste liée au don du sang.» Ces préoccupations plus philosophiques, qui rapprochaient «les trois mousquetaires» depuis toujours, se traduisent également dans ce nouveau livre. Des chapitres sont entre autres consacrés au bénévolat et au volontariat, deux grands principes éthiques du don. Un peu plus loin, les auteurs se demandent ce qui motive les individus à (re)donner leur sang. «On se pose la question de savoir si le premier don est réellement le reflet d’un acte de liberté ou s’il est guidé par un devoir, une pression sociale, familiale ou professionnelle.»

Quant à la rédaction même de l’ouvrage, elle s’est faite «à quatre mains». Les deux amis se départageant les questions en fonction d’affinités personnelles, tout en relisant et corrigeant les textes de l’autre. La source d’inspiration pour le choix des questions? Les gens. Ceux que les auteurs côtoient au quotidien: étudiants, donneurs, collègues, soignants… «Ils s’interrogent. Trouver 100 questions était aisé. Y répondre en une seule page, beaucoup moins!, plaisante Jean-Daniel Tissot. Aborder le métabolisme du fer ou la coagulation sanguine – deux sujets qui m’interpellent depuis des années – en si peu de mots constituait un bel exercice, surtout pour un bavard comme moi…»

Le sang et la transfusion sanguine. Par Olivier Garraud et Jean-Daniel Tissot. Editions ellipses (2016), 160 p.
Le sang et la transfusion sanguine. Par Olivier Garraud et Jean-Daniel Tissot. Editions ellipses (2016), 160 p.

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