Dans l’antichambre de David Hamidovic n’est pas ce qu’on appelle un ouvrage grand public. Ce qui n’empêche pas de s’y pencher avec passion, et gourmandise. Son propos: promouvoir et défendre «un dialogue entre la pensée juive et la connaissance renouvelée du judaïsme ancien». Il s’agit, nous explique l’auteur – historien du judaïsme ancien et professeur à l’UNIL – de renouer avec l’esprit de la «Wissenschaft des Judentums» qui, jusqu’en 1939, fut «l’occasion d’un dialogue aussi intense que fécond entre des savants juifs mais aussi avec des érudits d’autres confessions ou sans confession». Il précise également que l’évolution des approches historiques et l’autonomisation de l’histoire au sein des sciences humaines ont créé des conditions idéales pour la réception de cet idéal, transformant les savants de ce mouvement en pionniers de l’approche historique actuelle.
Dans l’antichambre se situe en prolongement de ce constat. L’ouvrage réunit une série d’articles déjà publiés, regroupés par thèmes, et que complète un texte inédit sur le statut de la langue hébraïque. Le lecteur peut y picorer à sa guise, en fonction de ses curiosités. Il apprend par exemple que la connaissance d’une croyance ne signifie pas forcément son adoption. Il se penche ensuite sur le culte des anges ou examine le rôle du prêtre dans l’identification des maladies de peau. Il peut aussi s’intéresser au statut de la femme dans le judaïsme ancien grâce aux archives retrouvées dans une grotte de la région de la mer Morte. Ou interroger les racines littéraires et historiques de l’antijudaïsme à travers la polémique antique du culte de l’âne. Un menu copieux donc, mais jamais indigeste, ce qui est en soi déjà remarquable! / Mireille Descombes
L’humour de Molière, le best of
Quoi de mieux pour redécouvrir l’œuvre du «patron» de la Comédie-Française, que de relire ses scènes les plus drôles? Les 25 extraits réunis dans cette anthologie ont été choisis par Marc Escola, de la Section de français et du Centre d’études théâtrales, ainsi que par Claude Bourqui, de l’Université de Fribourg, au sein de la trentaine de comédies composées par le dramaturge.
Présentés selon une structure thématique, ces textes déploient toutes les nuances de rire qui composent la palette moliéresque, ainsi que sa panoplie de techniques, situations et «ficelles». Parmi elles: bons mots fusant à intervalles réguliers, énormités destinées à choquer, développements virtuoses, faux pastiches de jargons professionnels, ou encore plaisanteries à caractère sexuel. Une courte introduction précédant chaque passage permet au lecteur de situer la scène et de comprendre en un coup d’œil les mécanismes et les enjeux de ses ressorts comiques. Un bel hommage au plus célèbre humoriste français, qui fête cette année son 400e anniversaire! / Lysiane Christen
La notice sur le site Labelettres
Ethnies culturelles
Tout comme l’aventure, l’anthropologie commence au coin de la rue. Fanny Parise, chercheuse associée à la Faculté de théologie et de sciences des religions, s’est intéressée aux tribus des classes supérieures qui peuplent les quartiers branchés des villes occidentales. Grâce à des milliers d’entretiens qualitatifs menés avec ses équipes, la journaliste est en mesure de nous dresser un portrait de ces créatures exotiques que sont les «nouveaux sauvages». Quelles sont leurs valeurs? Quelle est leur influence? Minoritaires, ils se répartissent en ethnies culturelles, dont certaines nous sont connues, comme les bobos ou les hipsters.
Un autre groupe, dont les membres sont baptisés «enfants gâtés» par la chercheuse, croit en la promesse du «capitalisme responsable», une idéologie portée par les «nouveaux sauvages». Quelle est-elle? «Changer le monde au prix du moindre effort, et par la consommation»… ce qui revient à maintenir en place le système actuel. «Photographie de notre époque», l’ouvrage de Fanny Parise («nouvelle sauvage» elle-même) nous invite à nous décentrer, car «le sauvage n’est pas forcément l’autre». / DS