Un style sec et rapide qui colle au sujet. Un récit qui défile à cent à l’heure comme le paysage derrière un pare-brise. Pour évoquer la trajectoire de Louis Chevrolet, né le 25 décembre 1878 à La Chaux-de-Fonds, mort en 1941 à Detroit, l’écrivain Michel Layaz remise sur les bas-côtés tout ce qui peut ralentir une vie dédiée à la mécanique et à la vitesse. La famille, c’est vrai, compte aussi pour ce fils d’horloger qui, à huit ans, quitte la Suisse avec ses parents et ses quatre frères et sœurs pour s’installer à Beaune, en Bourgogne, où le père imagine «tenter fortune». Louis y devient mécanicien sur vélo puis rejoint Paris pour intégrer les tout jeunes ateliers automobiles. Très vite, toutefois, cet homme dynamique comprend que c’est outre-Atlantique que cela se passe.
Après un détour par le Québec, Chevrolet arrive à New York en 1900. Ce fou de mécanique ne se contente pas de réparer. Il dessine, il invente. Pour Fiat ou Buick, il s’impose également comme l’un des meilleurs pilotes du moment. Cette activité plus que dangereuse nous vaut d’assister aux plus folles courses automobiles de l’époque, avec leurs sorties de route spectaculaires, quelques miraculés, et beaucoup de morts.
Nouvelle étape, en 1909, Louis est recruté par Billy Durant, le fondateur de la General Motors. Pour lui, il crée la marque Chevrolet et met au point la Classique Six. Hélas, elle ne se vend pas. Après une brouille, Chevrolet cède à Durant le droit d’utiliser son nom en exclusivité. Le succès de la marque ne va pas tarder. «De cette montagne d’or en expansion, Louis ne retirera pas un kopeck, écrit Michel Layaz. Au final, la Classic Six aura été la seule voiture de la marque Chevrolet conçue par Louis Chevrolet.» /Mireille Descombes
Du rififi chez les protestants
Fruit d’un colloque international qui s’est tenu en 2019 à l’UNIL, cet ouvrage collectif s’intéresse au protestantisme en Suisse romande au XIXe siècle, un domaine encore peu étudié. Filant la métaphore anatomique, les auteurs s’intéressent en particulier à «l’os protestant fracturé, en partie par les tensions politiques entre radicaux et libéraux-conservateurs», avant que des soudures (des réconciliations) ne s’opèrent.
Ainsi, en réaction au rationalisme, le mouvement du Réveil se développe sous diverses formes dès le début du XIXe siècle, notamment dans les cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel. Cette émergence, qui bouscule les Autorités religieuses étatiques en place, suscite les passions, et débouche sur des ruptures, comme en témoigne la création de l’Église évangélique libre du canton de Vaud en 1847.
Quels sont les liens entre la religion, l’État, les libertés individuelles et la modernité? Cette question touffue, qui traverse l’ouvrage, n’a rien perdu de son acuité./ DS
Un parcours d’un siècle
L’an dernier, le Golf Club de Lausanne a fêté ses 100 ans. Signé par Pierre Ducrey, ancien recteur de l’UNIL, et par Michael Krieger (diplômé de l’UNIL), un beau livre marque cet anniversaire. Comme le racontent les auteurs, c’est largement grâce à la volonté d’une seule personne, l’industriel Oscar Dollfus, que le parcours a vu le jour, sur le domaine de la Ferme des Antets, non loin de l’actuelle École hôtelière. Inauguré le 10 juin 1922, le golf constitue dès ses débuts un argument de promotion touristique.
Nourri de nombreux documents d’archives, l’ouvrage met en lumière les personnalités qui y ont frappé la balle, à l’image de l’ex-roi d’Espagne Alphonse XIII, de Yul Brynner ou de Georges Simenon. Sur le plan sportif, les lieux ont abrité quelques compétitions importantes, dont les Championnats du monde amateurs messieurs par équipes en septembre 1982 ou le Championnat d’Europe individuel dames en juillet 2017. L’histoire du parcours lui-même, ainsi que celle des bâtiments (comme le club-house), font l’objet de chapitres richement détaillés./ DS