LIvres : Guy de Pourtalès, Louis XIV et la mort

Marins d’eau douce. Par Guy de Pourtalès. Zoé (2016), 188 p.
Marins d’eau douce. Par Guy de Pourtalès. Zoé (2016), 188 p.

Guy de Pourtalès au fil de l’eau

Deux romans de l’écrivain franco-suisse Guy de Pourtalès (1881-1941) ont été réédités ce printemps. Ainsi, désormais, un important appareil critique accompagne La Pêche miraculeuse, paru en 1937. Pourquoi? Parce que ce long récit «est truffé de références historiques et musicales, ainsi que d’expressions genevoises oubliées», note Stéphane Pétermann, collaborateur au Centre de recherches sur les lettres romandes et auteur de cette mise en perspective de l’œuvre. De plus, cette dernière comporte de nombreux éléments autobiographiques cachés, désormais décryptés grâce au travail du chercheur. Des informations sur les sources utilisées par Guy de Pourtalès, sur les modifications qu’il a apportées à son roman, ainsi qu’un cahier iconographique, complètent l’ouvrage. D’ici à la fin de 2017, trois autres textes, nettement moins connus, feront à leur tour l’objet d’une réédition augmentée, toujours chez Infolio: A mes amis suisses, Montclar et Nous, à qui rien n’appartient. En parallèle, les éditions Zoé rééditent le délicieux Marins d’eau douce (1919). Stéphane Pétermann a doté de notes utiles et d’une courte introduction ces souvenirs d’enfance de Guy de Pourtalès, aussi doux que nostalgiques. Un tour du Léman à bord du Papillon, tendre et drôle, ainsi que la rencontre de l’auteur avec la musique suscitent une grande émotion chez le lecteur. / DS

La pêche miraculeuse. Par Guy de Pourtalès. Infolio (2016), 766 p.
La pêche miraculeuse. Par Guy de Pourtalès. Infolio (2016), 766 p.

Louis XIV et la Suisse

Depuis le XVe siècle, les souverains français ont soigné leurs relations économiques, militaires et politiques avec les cantons suisses. Le 18 novembre 1663, à Notre-Dame de Paris, le jeune Louis XIV marque le renouvellement de cette alliance négociée âprement pendant quinze ans en recevant avec faste les ambassadeurs du Corps helvétique.

Collaborateur scientifique à l’Institut Benjamin Constant, Guillaume Poisson traite de cet épisode marquant dans un ouvrage bref et accessible. L’auteur nous plonge dans cet évènement bien documenté, du protocole aux détails du traité. La lourde dette de la France auprès des Suisses, ainsi que les privilèges commerciaux de ces derniers furent des points d’achoppement avec les ministres du roi. Immortalisé par Le Brun, le renouvellement de l’alliance fut diversement apprécié, allant parfois jusqu’à être considéré comme un traumatisme pour la jeune Confédération. / DS

18 novembre 1663. Louis XIV et les cantons suisses. Par Guillaume Poisson. Editions PPUR / Le savoir suisse (2016), 139 p.
18 novembre 1663. Louis XIV et les cantons suisses. Par Guillaume Poisson.
Editions PPUR / Le savoir suisse (2016), 139 p.

Un mortel « Que sais-je? »

Vous êtes bouddhiste; vous voulez vous libérer du cycle des réincarnations ou trouver au moins, dans une autre vie, un meilleur destin. Vous êtes juif et vous ignorez les visions macabres du christianisme pour prôner jusque dans la mort un art de vivre. Vous êtes musulman: vous veillez le défunt en famille, découvrez son visage pour le voir une dernière fois. Vous êtes Epicure et vivez bien comme si la mort n’était rien, dans votre école où les femmes sont reçues au même titre que les hommes. Vous êtes Sénèque et vous dites qu’il est «plus beau pour l’homme d’apprendre à mourir qu’à tuer». Vous êtes Heidegger et l’angoisse de la mort nourrit votre «être-là» ici-bas. Vous êtes un contemporain: vous vous sentez davantage concerné par le «comment» mourir que par une éventuelle «after»; pour vous, les soins palliatifs ont remplacé les eschatologies (représentations de l’au-delà). Vous êtes un djihadiste: vous massacrez la vie, piétinez les corps, vénérez la mort. Cet excellent «Que sais-je?», rédigé par une professeure de l’UNIL nous renseigne avant tout sur l’humaine existence dans sa foisonnante diversité, hier et aujourd’hui. / NR

La mort. Par Alexandrine Schniewind. PUF?/?Que sais-je ? (2016), 126 p.
La mort. Par Alexandrine Schniewind. PUF?/?Que sais-je ? (2016), 126 p.

 

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