La nouvelle aventure du Gaulois Astérix sera dévoilée au public le 19 octobre. Pour l’occasion, Allez savoir! s’est intéressé à Panoramix. Pâle imitation ou reproduction fidèle des druides? Eclairage.
Programmé pour le mois prochain, le trente-septième périple du plus célèbre des Gaulois mettra en scène Astérix et ses éternels acolytes. Selon toute probabilité, ils devraient être soutenus, encore et toujours, par Panoramix et sa potion magique. Sauf que, malgré leur rôle capital chez les Celtes, les vrais druides n’ont jamais concocté de mixture capable de prodiguer une force surhumaine. Qui étaient donc réellement ces êtres mythiques? Démêlons le vrai du faux avec Thierry Luginbühl, professeur à l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité.
Les druides existaient en 50 avant Jésus-Christ
VRAI> Si demeure une incertitude quant à l’origine du druidisme, cet ordre sacerdotal était présent tout au long du second âge du fer. Depuis 450 avant J.-C. au moins donc. Quant à sa disparition, elle est du fait de plusieurs empereurs. A commencer par Auguste, qui interdit aux citoyens romains de fréquenter les druides. «Tibère (règne de 14 à 37) et Claude (règne de 41 à 54) interdiront le druidisme de façon globale. L’ordre survivra dans les îles britanniques encore indépendantes.» En Irlande, dernière terre d’accueil, ils seront convertis au christianisme par saint Patrick au cours du Ve siècle.
Les druides étaient des scientifiques
VRAI> «Au sens strict du terme, les druides, puisque les bardes et les vates (des augures) faisaient aussi partie du même ordre, étaient en charge des pratiques rituelles, de la médecine, de la justice, et de l’enseignement aux autres druides.» Comme Panoramix, ils étaient également philosophes, théologiens, biologistes, botanistes, conseillers ou politologues.
Les druides avaient un rôle central chez les Celtes
VRAI> Ils étaient en effet très importants dans la mesure où les druides étaient des acteurs centraux dans les relations entre humains et dieux. «?Ils avaient aussi un moyen de pression auprès des aristocrates, grâce à leur pouvoir d’excommunication. Une peine presque mortelle pour les personnes qui l’encouraient.?» Concernant les divinités présentes dans la saga, toutes sont attestées par des sources. En revanche, Goscinny et Uderzo n’ont jamais évoqué Lug, le plus important de tous, qui régnait dans les domaines religieux, militaire et des arts et métiers.
Les druides récoltaient du gui
VRAI mais…> Quand elles abordent les plantes, les sources littéraires ne parlent en général que du gui. «Selon Pline l’Ancien, cette plante serait une sorte de panacée. Elle guérirait tout. Le gui serait récolté grâce à une serpe d’or, ce qu’aucun archéologue n’a en revanche jamais trouvé. Cette même source évoque par ailleurs les costumes blancs portés par les druides.»
Les druides tenaient une réunion annuelle dans la forêt des Carnutes
VRAI> Le territoire des Carnutes était considéré comme le centre de la Gaule celtique. «Les sources attestent que les druides s’y réunissaient annuellement. Mais aucun lieu de culte n’a jamais été retrouvé. Certains pensent, par romantisme, qu’il s’agit de l’emplacement de la cathédrale de Chartres.»
Les druides occupaient le haut de la hiérarchie.
VRAI mais… > En théorie, comme ils s’emploient à réguler les relations entre ciel et terre, les druides étaient supérieurs à tout. Une réalité toutefois quelque peu différente dans la pratique. « Il faut penser que la relation n’est pas très différente de la religion catholique avec les nobles du Moyen Age. L’ordre est supérieur à celui des aristocrates dont sont issus les rois. Il va de soi que les souverains avaient davantage de pouvoir réel, temporel, que les druides. » L’ordre druidique aurait notamment perdu de son poids à partir du 1er siècle avant notre ère sur la vie politique.
Les druides utilisaient du pétrole.
FAUX > Dans L’Odyssée d’Astérix, le lecteur apprend que Panoramix se sert d’huile de roche pour préparer sa potion magique. Cette substance n’est autre que l’or noir, que les druides n’ont jamais connu. « C’est une plaisanterie, parce que les auteurs souhaitaient certainement implanter un de leurs albums au Proche Orient. »