La tribu des primates bipèdes, des premiers Hominini aux hommes modernes, a désormais sa planche dans L’Atlas des vertébrés. Des origines à nos jours, dont la seconde édition paraît aux Éditions Loisirs et Pédagogie. L’occasion de faire le point sur nos ancêtres avec Robin Marchant, conservateur du Musée cantonal de géologie et co-auteur de l’ouvrage.
Depuis l’an 2000, les découvertes d’ossements de nouveaux Hominini se multiplient partout dans le monde. Ils s’appellent Orrorin, Toumaï, Homo floresiensis ou encore Homo denisovensis; ils viennent compléter la photo de famille de l’homme moderne. Leur apparition sur notre arbre généalogique bouleverse l’histoire de nos origines. Ainsi la théorie de l’East Side Story, popularisée par Yves Coppens et qui fait de la Corne est-africaine le berceau de l’Humanité, a été remise en question par la découverte d’un australopithèque au Tchad, puis définitivement enterrée par la mise au jour, non loin, de Toumaï, d’un primate bipède vieux de 7 millions d’années.
A l’autre bout de l’échelle du temps, on a découvert Homo floresiensis en Indonésie. Surnommé le Hobbit en raison de sa toute petite taille, il reste mystérieux tout comme son ADN qui n’a pu être extrait. «Certains ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’un Homo sapiens atteint de nanisme, commente Robin Marchant, mais on accepte désormais qu’il s’agit d’une espèce à part, probablement dérivée d’Homo erectus.» L’homme de Flores aurait vécu entre -95?000 et -50?000 ans, en même temps, en partie, que les familles Néandertal, Denisova et Sapiens. «Il y a quelques dizaines de milliers d’années, au moins quatre espèces d’humains différentes vivaient sur la planète, insiste le spécialiste de l’UNIL, avec localement des rencontres, comme Homo sapiens avec Néandertal.»
De nombreux points d’interrogation subsistent quant aux filiations de nos ancêtres, parfois même quant à la définition d’une espèce basée sur des critères morphologiques?: Homo habilis et Homo rudolfensis ne formeraient peut-être qu’un. Reste que les nouvelles découvertes redessinent les contours de notre histoire et nous prouvent que les Homo sapiens, neanderthalensis et autres Denisoviens ne sont pas si éloignés les uns des autres ni différents de leurs ancêtres. «On sait maintenant aussi que les outils ne sont pas le propre du genre Homo, conclut Robin Marchant, que leurs lointains ancêtres – mais aussi les chimpanzés – en fabriquaient également. De même pour le langage: l’os hyoïde, qui nous permet de parler, est apparu dans la lignée Homo, mais l’éthologie nous montre que les singes, en particulier les cercopithèques, possèdent aussi tout un langage, avec du vocabulaire et de la syntaxe, et qu’ils sont même capables de néologismes.» La science avance et l’incroyable histoire de la vie ne cesse de se réécrire…
Article principal : Ce que notre ADN nous révèle de l’histoire d’homo sapiens