Le graphiste a bien préparé le transfert de ses archives, afin de faciliter la vie des personnes qui les étudient.
Werner Jeker n’est pas le premier graphiste dont les archives rejoignent les collections de l’Iconopôle. «Nous avons pu acquérir, à New York, un fonds mis en vente par la veuve d’Erik Nitsche (1908-1998), une grande figure du graphisme international», rappelle Olivier Lugon. Une séance de séminaire a eu lieu sur cet artiste en 2012, puis une exposition à la Bibliothèque cantonale et universitaire fin 2018. Le fonds de Laurent Pizzotti, personnalité importante dans l’histoire de l’édition romande, a rejoint l’Iconopôle fin 2019.
Sur cette base, comment poursuivre le développement des collections, en lien avec l’histoire du design graphique dans le canton de Vaud?, s’est demandé Sophie Donche Gay. En envoyant un courrier électronique à Werner Jeker, «qui m’a rappelé le lendemain», se souvient la conservatrice.
«Elle est arrivée au bon moment, poursuit Werner Jeker. Depuis un moment, je pensais à ma femme et à mes enfants qui allaient devoir, un jour, débarrasser mes archives.» La rencontre avec les professeurs de l’UNIL l’a convaincu. «En lisant leurs publications, que ce soit au sujet d’Erik Nitsche ou de Nicolas Bouvier, – avec qui j’ai collaboré –, j’ai pu constater qu’ils connaissaient la matière.»
Dans son atelier, le matériel de Werner Jeker était déjà organisé. «Mais je ne voulais pas donner des caisses en vrac, sans explications. Avec l’aide de ma fille Sandra et de mon collègue Jean David Gyger, nous avons préparé des fiches explicatives pour faciliter la tâche des étudiants. J’ai structuré mon passé!» Est-ce que ce n’est pas difficile de travailler sur soi-même? «J’ai appris à prendre de la distance. Par le passé, je me suis déjà plongé dans le fonds d’archives du peintre Alfred Latour et dans celui de la galeriste Alice Pauli, ce qui a débouché sur des publications.» Enfin, Werner Jeker a eu une longue activité d’enseignant. «J’ai commencé en 1972, et cela a duré jusqu’à assez récemment», note-t-il. Il a donné des cours à l’École des beaux-arts de Lausanne, à la Haute École des beaux-arts de Karlsruhe, à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris et à la Haute École des arts de Berne. «J’aime beaucoup les écoles d’art, car elles forment des communautés de gens très différents. C’est par exemple grâce aux échanges fantastiques avec les étudiants que j’ai appris tout ce que je sais en informatique», sourit-il.
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