Le thème du chalet semble inépuisable. Dans son 13e numéro, la revue Monuments vaudois lui consacre ainsi trois articles, trois regards d’historiennes sur le phénomène. Au départ, le mot chalet désigne une maison d’alpage, donc habitée temporairement, et paradoxalement plutôt en pierre. Il finira par recouvrir, écrit Pauline Nerfin, «la prodigieuse diversité des maisons paysannes suisses construites en bois». Outre par leur matériau, ces habitations se caractérisent par une forme compacte et carrée, un toit habituellement en bâtière (à deux versants opposés) prolongé par un porte-à-faux plus ou moins important.
C’est à Leysin que l’on se rend d’abord en compagnie de Denyse Raymond. L’occasion de préciser que les paysans construisaient autrefois leurs chalets en bordure des communs (des pâturages appartenant à la commune), le long du sentier ou sur leurs prés privés, et de rappeler à quoi ressemblait le village historique avant l’essor médical (traitement contre la tuberculose) et touristique de la fin du XIXe siècle. Catherine Schmutz Nicod, elle, s’intéresse à la «Chaletisation à l’américaine» à travers l’exemple remarquable de la maison La Violette à Arzier. Une construction qui, à l’instar d’autres chalets nyonnais de la fin du XIXe siècle, appartenait à une famille aisée.
Paradoxalement, le chalet suisse profite aussi du progrès technique. Pauline Nerfin le rappelle dans son article consacré aux chalets préfabriqués des frères Spring à Genève. L’entreprise dispose d’un prospectus offrant une vingtaine de modèles vendus en kit et dont le succès dépassera les frontières cantonales. La prolifération de ces constructions suscitera toutefois rejets et polémiques. Dont la plus fameuse fut portée par l’architecte Maurice Braillard, réputé pour sa «phobie du bois». Au grand dam des charpentiers de la place. / Mireille Descombes
Des sons dans les Alpes
À quoi ressemble «la dimension sonore des Alpes»? Aux tintements balancés des cloches des vaches? Au puits creusé par le silence? Ou au vrombissement des hélicoptères en mission? À tout cela et à bien d’autres choses, comme le démontre Résonances, publication collective réalisée sous la direction de Nelly Valsangiacomo et Laine Chanteloup, professeures à l’UNIL. «Cet ouvrage est (…) né de l’intérêt croissant pour les perceptions sensorielles appliquées aux diverses disciplines alpines», expliquent-elles. On y croise C. F. Ramuz sous la plume de Daniel Maggetti, on s’intéresse à l’utilisation de la bioacoustique pour le suivi des populations de lagopèdes alpins, on découvre que, en 1950, le Service des ondes courtes suisses et Radio Lausanne étaient parvenus à émettre en direct du sommet du Cervin. Compositeur et musicien, Christophe Felley met en évidence «l’influence que le contexte et le paysage alpins peuvent avoir sur Ljsonlj travail d’artiste et sur la perception des œuvres qui en découle.» / Mireille Descombes
Comment ça va? On fait aller!
Les douleurs chroniques sont très souvent mises sous silence par les seniors, bien qu’elles touchent une large partie d’entre eux.
Des scientifiques de l’UNIL et du CHUV ont analysé, sur la base d’une cinquantaine d’entretiens, la manière dont les personnes âgées expriment leurs maux, appréhendant notamment les blocages communicationnels et leurs implications. Parmi les obstacles relevés: la banalisation de la souffrance, le manque de temps des interlocuteurs, les problèmes liés à l’utilisation par le personnel médical d’échelles de douleur standardisées ou encore la peur de se faire placer en institution.
Unissant sciences du langage et sciences médicales, l’ouvrage restitue les résultats d’une recherche financée de 2019 à 2022 par le Fonds national suisse. Des recommandations utiles sont formulées, destinées aux aînés, aux professionnels de la santé, aux proches aidants et à la société civile. / Lysiane Christen