Les noms de lieux ne sont pas donnés au hasard. Mais leur origine se perd à travers les siècles. Comme «l’Hongrin», dans les Alpes vaudoises, appellation aujourd’hui mystérieuse. Parfois, une ou plusieurs explications subsistent: «Col des Mosses» viendrait de «mousse» en germanique et indique en patois une «vallée marécageuse». La Pierre du Moëllé, rocher apprécié des grimpeurs, vient de mouèlé «chauve», en référence à l’absence d’arbres aux alentours. Proche des Diablerets, le hameau La Gottrausaz, mot tiré d’un nom de famille, évoquerait «une personne affectée d’un goitre». Hypothèse plus poétique: il s’agirait d’un endroit où poussent les narcisses (appelées Gottrâosa en parler ormonant, en raison du renflement de la tige derrière la fleur – qui rappelle le goitre).
Ces réflexions sont tirées de T’es où?, un livre édité par le Musée des Ormonts, issu de l’exposition éponyme organisée entre ses murs entre 2022 et janvier 2024. Le lexique rassemble une sélection de 350 noms de lieux de cette région des Alpes vaudoises et présente les hypothèses qui coexistent à propos de leurs origines. Y figurent les contributions de deux linguistes du Glossaire des patois de la Suisse romande, mais aussi des textes de l’Atlas Toponymique du Canton de Vaud dirigés par Michiel de Vaan, privat-docent à l’UNIL. À ces points de vue s’ajoutent encore celui du dépositaire de la tradition orale de la Forclaz (VD) Edgar Pittex, ainsi que des remarques de Virginie Duquette, coordinatrice de l’ouvrage et directrice du musée.
Petit, concis et léger, ce lexique se glisse aisément dans un sac de randonnée pour aller découvrir les secrets des noms inscrits sur les panneaux pédestres des Ormonts. / Lysiane Christen
Dubuffet et l’art brut, écrits
Grâce à l’historienne de l’art Lucienne Peiry, voici réunis pour la première fois en un seul volume bien illustré tous les textes de Jean Dubuffet concernant l’art brut. L’occasion d’un retour aux sources à travers quelque 87 écrits, réflexions théoriques, monographies et lettres qui vont de 1945 à 1985.
Dans sa préface, Lucienne Peiry nous rappelle la phrase de Dubuffet: «L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a faits pour lui, il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom: ce qu’il aime c’est l’incognito.» Il serait vain toutefois, ajoute-t-elle, de chercher dans ses textes une définition rigoureuse et figée de cet art dissident qui le fascine. Depuis toujours, Dubuffet accordait par ailleurs une grande importance aux échanges épistolaires. Il y cultive volontiers un style plus libre émaillé de formules parfois cocasses. Voici par exemple ce qu’il écrivait à René Auberjonois le 28 août 1945: «Je me réjouis bien que vous ayez septante-trois ans et vous félicite. J’ai toujours aimé seulement les vieux.»/ Mireille Descombes
Comment rafraîchir nos villes
Voilà un thème qui est passionnant. Et des plus actuels. Piloté par Muriel Delabarre, qui dirige l’Observatoire universitaire de la ville et du développement durable de l’UNIL, cet ouvrage interroge les défis posés aux urbanistes par le changement climatique. Il se demande plus précisément comment «préparer les métropoles aux vagues de chaleur pour préserver les écosystèmes et installer des conditions de vie pour le vivant». La réponse tient en un concept: la trame de fraîcheur.
Pour mieux cibler et approfondir leur propos, les chercheurs ont pris Lausanne comme terrain d’étude. Une analyse a été effectuée quartier par quartier et des ressources particulières mises en avant pour chacun. L’étude a également examiné des «espaces d’opportunités de projet» dans lesquels inscrire les prémices d’une future trame fraîche. Il s’agit, en l’occurrence, des places de la Riponne et du Tunnel, au revêtement essentiellement minéral. Un véritable laboratoire «pour apporter des mesures adaptatives rapides de préfiguration en matière d’aménagement face au changement climatique»./ Mireille Descombes