L’anthropologie commence au coin de la rue… ou du salon. Dans le cadre de son mémoire de master, dirigé par Irene Maffi (professeure à l’Institut des sciences sociales), Aurélie Netz s’est intéressée aux groupes de femmes qui se réunissent autour de spiritualités alternatives, en Suisse romande. L’auteure s’est immergée dans deux de ces cercles (non mixtes, c’est important), pour observer et expérimenter ces rituels méconnus. L’enquête a été complétée par des entretiens avec une dizaine de participantes. En majorité, ces dernières sont en quête de bien-être, voire de guérison holiste.
Aurélie Netz nous fait «entrer» dans ces rencontres, en décrivant de manière détaillée leur structure et leur déroulement, variable: ouverture du cercle, tours de parole, rituels, chants, contes, méditation, etc. Elle détaille également les liens qui se tissent entre les organisatrices et les participantes (et la manière de gérer les accrocs, en douceur), ainsi que les objets et la décoration associés aux événements. Ces derniers ont parfois lieu en extérieur, par exemple au bord du lac. Bien entendu, l’auteure aborde la manière dont les femmes qui participent aux cercles perçoivent le genre et les qualités associées au leur. La notion de «féminin sacré» ainsi que la grande importance accordée au corps traversent l’ouvrage. Ainsi, «pour mes interlocutrices, cette relecture du corps féminin comme lieu du sacré est bénéfique: elles peuvent honorer, célébrer et réintégrer leurs corps […]», écrit Aurélie Netz. /DS
Quand mobilité rime avec dignité
Préférer se faire dévorer par les poissons de la Méditerranée plutôt que par les vers de terre des quartiers pauvres de Tunis. Tel est le credo des jeunes hommes que Simon Mastrangelo, anthropologue, a interrogés pour sa thèse de doctorat à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL, portant sur la migration non documentée des Tunisiens vers l’espace Schengen. Le chercheur y relate le parcours migratoire des harraga (brûleurs de frontière), leurs désillusions après la révolution tunisienne, leur séjour de sans-papiers en Italie ou en Suisse, leur expulsion et leur espoir de regagner le Vieux-Continent, malgré tout, pour fuir l’humiliation d’être bloqués dans un lieu sans avenir. Une enquête prenante que Simon Mastrangelo a effectuée avec une patience toute ethnographique en Tunisie surtout, mais aussi sur Facebook. /NM
Exposition de photographies liée à ce livre au Péristyle de l’Hôtel de Ville de Neuchâtel, du 10 au 25 septembre 2020.
Une histoire de clope
Combien d’ados n’ont pas fumé pour se sentir cool? Aujourd’hui encore, la cigarette est associée à la virilité, la féminité, la séduction ou la liberté. Des valeurs construites par les fabricants qui, à travers marketing et publicité, ont tout fait pour attirer des fumeurs, alors qu’en 1950 arrivaient les premières études montrant les liens entre tabagisme et cancer.
Dans cet ouvrage, Jacques Olivier analyse les stratégies des cigarettiers à partir d’un corpus de 253 affiches publicitaires. Ce docteur en médecine et en sciences récemment diplômé d’un Master en histoire de la Faculté des lettres retrace, dans ce livre issu de son mémoire, l’histoire de la consommation du tabac en Suisse durant les Trente Glorieuses.
Les images nous plongent dans un temps révolu, lorsque l’on prêtait au tabac des bénéfices pour la santé et que la Marocaine Filtre était surnommée la «ci-garette des sportifs». /LC