A double titre, 2009 sera l’année Charles Darwin. Nous célébrerons le bicentenaire de sa naissance, le 12 février 2009, et les 150 ans de son ouvrage «L’Origine des espèces». La polémique avec les créationnistes est programmée. Profitons-en pour relire l’Ancien Testament avec Thomas Römer, un spécialiste de l’UNIL. Surprise: on découvre que la Bible raconte deux origines du monde inconciliables. Bonne nouvelle pour Darwin!
Et si Darwin avait tort? Et si la Bible disait vrai sur la création du monde? En vérité, plusieurs arguments très sérieux militent pour ce point de vue. D’abord, le Livre Saint a 2500 ans; c’est beaucoup plus ancien que «L’Origine des espèces», qui fut publié le 24 novembre 1859 et dont on célébrera l’an prochain les 150 petites années d’existence.
Ensuite, l’Ancien Testament est à lui seul trois fois plus gros que le petit pavé de Darwin: plus de 2000 pages dans une traduction courante, contre à peine plus de 600 pour le pensum du biologiste anglais.
Troisièmement, la Bible est au sommet des ventes depuis des temps immémoriaux. C’est même l’ouvrage le plus lu dans le monde entier, loin devant Harry Potter, «Millenium» ou le «Da Vinci Code ». Et si loin des livres de Darwin que c’en est humiliant. D’ailleurs, «L’origine des espèces» n’apparaît dans aucun classement commercial.
Il y a deux Genèses dans la Bible
Malgré ces évidences, des esprits chagrins doutent encore. Parmi eux, Thomas Römer, qu’on dit grand spécialiste de l’Ancien Testament et qui enseigne à la Faculté de théologie de l’UNIL et au Collège de France. Ce professeur affirme que la Genèse est incohérente; que si on la lit à la lettre, l’histoire de la naissance du monde ne tient pas debout.
Son argument principal est le suivant : la Genèse propose deux récits de la création du monde et non pas un. Le premier va jusqu’au chapitre II, verset 4; le deuxième commence à ce point jusqu’à la fin du chapitre III. Entre ces deux récits, et parfois même à l’intérieur de chaque récit, il y aurait une série de contradictions et de bizarreries flagrantes dans la Bible.
L’homme a-t-il été créé avant la femme ou en même temps?
Au chapitre I verset 27 de la Genèse, il est écrit: «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa.» Une dizaine de versets plus loin, dans le chapitre suivant, il est écrit: «Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant.» Eh bien, dans ces deux brefs passages, Thomas Römer parvient à voir cinq éléments contradictoires.
Contradiction n° 1: ces deux passages racontent la naissance de la femme à deux moments différents. «Dans le premier, l’homme et la femme apparaissent en même temps; Dieu crée le couple humain, relève le professeur. Or, dans le deuxième passage, le Seigneur commence par créer un seul être.»
Dans ce que Thomas Römer appelle «le deuxième récit», la femme arrive en dernier. Adam commence par s’ennuyer dans le jardin d’Eden, puis Dieu compatit et cherche à lui faire «une aide». Il pense d’abord à créer les animaux pour lui tenir compagnie; mais le pauvre homme ne trouve pas chaussure à son pied. Alors Dieu l’endort et lui enlève une côte qu’il «transforme» en une femme.
Adam a-t-il été créé avant ou après les animaux?
Contradiction n° 2: dans le premier passage, le couple humain est créé «à l’image de Dieu» – le texte dit aussi selon sa «ressemblance»; dans le deuxième, lorsque le Seigneur crée Adam seul, cette référence n’apparaît plus.
Contradiction n° 3: dans le premier récit, Dieu s’appelle «Dieu», soit «Elohim » dans le texte original; dans le deuxième récit, il s’appelle «Yahvé», qu’on traduit en français par «le Seigneur ».
Contradiction n° 4: lorsque le couple humain apparaît dans le premier récit, tous les animaux sont déjà créés; les êtres humains arrivent donc en dernier. Mais dans le chapitre suivant, lorsqu’Adam émerge de sa glaise, il n’y a sur la Terre, dit le texte, «encore aucun arbuste des champs et aucune herbe n’avait encore germé».
Contradiction n° 5, enfin: le couple humain prend vie par la seule parole divine, tandis que l’homme solitaire est modelé par les mains du Créateur «avec de la poussière prise du sol».
L’homme est-il vraiment supérieur aux animaux?
La chasse aux contradictions de Thomas Römer ne s’arrête pas là. Il examine d’autres passages et s’amuse à pointer une foule de problèmes supplémentaires.
Lorsque le Créateur s’apprête à créer l’homme et la femme d’un seul coup, il décrit la mission de l’être humain en disant «qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre!»
Mais lorsque «le Seigneur Dieu» crée Adam dans le deuxième récit, le texte dit simplement que le Créateur «établit» l’être humain dans le jardin d’Eden «pour cultiver le sol et le garder».
Une différence qui suscite ce commentaire au professeur: «Dans le premier récit, le texte instaure une supériorité des hommes sur les animaux. Dieu attribue une sorte d’ascendance royale à l’homme sur le règne animal. Dans le deuxième récit, Dieu donne aux animaux un rôle de compagnon pour Adam. Cela signifie qu’homme et animaux ne sont pas si différents, qu’ils sont au même niveau.»
Pourquoi, pourquoi, pourquoi?
Et puis, comment se fait-il que le jour et les plantes sont créés avant le soleil? Comment l’humanité a-t-elle pu se reproduire puisqu’Adam et Eve n’ont fait que des garçons? Caïn a-t-il couché avec sa mère après avoir tué son frère? Pourquoi Caïn a-t-il peur d’être tué par quelqu’un après avoir tué Abel, alors que ne vivent encore que trois êtres humains sur terre? Pourquoi Dieu protège-t-il Caïn le meurtrier quelques lignes après l’avoir maudit?
Et encore: qui sont ces «géants», qui apparaissent au chapitre VI et habitent la Terre au moment où Dieu décide pour la première fois d’anéantir l’humanité? Pourquoi les humains parlent-ils plusieurs langues au chapitre X, puis une seule au chapitre XI? Pourquoi est-il écrit que le Déluge a duré 50 jours dans une ligne et 140 jours dans une autre? Etc., etc… «Si l’on dressait la liste de toutes les incohérences de la Bible, on pourrait écrire un livre entier», dit Thomas Römer avec malice.
Même l’Eglise hésite à prendre la Bible au pied de la lettre
Il y a longtemps que cette façon de mettre en doute la vérité biblique a com- mencé. Au début du XVIIe siècle déjà, Galilée s’acharne à instiller le doute. Il affirme que la Terre n’est pas un simple plateau surmonté d’une cloche à fromage, comme le racontent les Ecritures.
«Après lui, l’Eglise a commencé à se dire qu’on ne pouvait peut-être pas prendre toute la Bible à la lettre, dit Thomas Römer. Au XVIIIe siècle, on s’intéresse à la formation du Pentateuque, et on s’aperçoit que les cinq premiers livres de l’Ancien Testament se composent de différents documents. Cette constatation est à l’origine de l’hypothèse, ultérieure, que la Bible a été écrite par plusieurs rédacteurs à différentes époques.»
Un pot-pourri de récits antérieurs
Thomas Römer affirme ainsi que la Genèse n’a pas été rédigée par Moïse sous la dictée de Dieu sur le mont Sinaï. «Comme le Pentateuque et l’ensemble de l’Ancien Testament, le récit de la création est une compilation de plusieurs histoires, un pot-pourri de toutes sortes de conceptions de l’origine du monde.»
Un exemple parmi d’autres : la Bible raconte que Dieu crée le monde à partir d’un océan primordial, dont il partage les eaux. «L’idée que la naissance de l’univers a passé par une séparation se retrouve dans les traditions égyptiennes, babyloniennes et grecques. Chez les Egyptiens, le ciel et la terre forment un couple qui fait l’amour continuellement et qu’il faut séparer pour que le monde puisse naître.»
Chez les Grecs, le ciel Ouranos étouffe la Terre Gaia de son poids avant que les Titans, les toutes premières divinités de la mythologie, ne coupent son sexe pour pouvoir sortir du ventre de leur mère.
Quant au récit du Déluge, on le trouve dans plusieurs histoires antérieures à la Bible: «Le récit biblique reprend de nombreuses traditions tout en les réinterprétant, dit Thomas Römer. Dans l’épopée de Gilgamesh, les dieux déclenchent le déluge par pur caprice, comme pour s’amuser. La Genèse reprend la même histoire en donnant une raison moins arbitraire. Dieu détruit l’humanité parce qu’elle est devenue mauvaise.»
La vérité peut-elle avoir des zones d’ombre?
Que répondre à tout cela? L’intention du professeur de théologie lausannois est claire: selon lui, «il est totalement absurde de prendre la Bible à la lettre». Que peut bien rétorquer un créationniste contre cette vision, qui enlève à la Bible toute réalité? Thomas Römer donne lui-même des pistes : «Contrairement aux Anciens ou à la tradition juive, la tradition chrétienne refuse que la Bible puisse comporter des faits ou des idées contradictoires. Pour les fondamentalistes, la vérité est forcément cohérente. Elle ne peut pas avoir de zones d’ombre.»
Voilà donc ce qu’un bon lecteur de la Bible doit faire, lorsqu’il est confronté au mitraillage de remises en question des spécialistes : trouver la logique obligatoire des textes; révéler une cohérence qui n’apparaît pas aux sceptiques. La Genèse comprend deux récits? «Les lecteurs littéraux de la Bible répondent que la première partie raconte la naissance du monde dans ses grandes lignes, tandis que la deuxième reprend l’histoire en donnant plus de détails.»
Le récit de la création ne parle pas des dinosaures et de leur disparition scientifiquement prouvée? «Cela veut dire que ces animaux ont disparu pendant le Déluge.» Comment Caïn a-t-il pu avoir un fils dans un monde sans autre femme que sa mère? «Dieu a créé des femmes à un moment donné…»
Une intime conviction
Le fidèle qui croit en la lettre biblique n’a cependant pas besoin d’aller trop loin pour défier les chercheurs de contradictions. De la bouche même de Thomas Römer, «les créationnistes ont un argument imbattable: tout est possible à Dieu». Pourquoi donc se casser la tête davantage? Pourquoi même s’attarder sur les textes plus qu’il ne faut? «Le créationnisme n’a pas véritablement de théorie, dit Thomas Römer, et la plupart des personnes qui croient en une lecture littérale de la Bible ne connaissent pas le texte avec précision. Ils n’estiment pas en avoir besoin. Ils sont simplement convaincus que la Bible a raison et que la science a tort.»
Mais la science elle-même n’a-t-elle pas montré son imperfection? «La théorie de l’évolution a connu plusieurs corrections après Darwin, les créationnistes jouent aussi sur ces remises en question.»
Eh oui, si la science elle-même démontre que la science se trompe, pourquoi la croire…?
Pierre-Louis Chantre
@ Frank: interprétation erronée, notre Faculté de théologie est protestante, pas catholique…
Mr Franck : Le fameux théologien Thomas R. n’est pas crédible j’ai entendu ses théories sur sa justification de l’homosexualité elle est complètement faussée, truquée. David et Jonathan n’étaient pas homos mais de très bons amis… la Bible avertis que certaines pratiques empêche le royaume des cieux dans notre cœur. Ce Monsieur essaye de déculpabiliser comme souvent les homos et il fait tout pour déculpabiliser même détruire la foi. Une honte ! La seule solution contre le péché est : la repentance, le pardon et la guérison…
IL EST FACILE DE DETRUIRE LA FOI. MAIS PLUS BEAU DE LA CONSTRUIRE. OU RECONSTRUIRE.
Pour moi le scientifique Darwin a une vue de la création très réduite (il n’est que scientifique) et le domaine spirituel ?
Et le hasard de sa création ? Pour moi il n’existe pas c’est trop improbable que la vie soit un hasard !!! Il faut une plus grande foi pour croire au hasard.
Regardez la nature, n’est-ce pas une splendide mécanique ?
Comme Voltaire, je crois qu’il y a un horloger avec l’horloge.
Comme Jésus Christ, je crois que Dieu est un Père qui veut communiquer par le St Esprit, sa parole la Bible.
J’AI LA PAIX DANS LE COEUR C’EST ESSSENTIEL.
Contradiction n° 1: ces deux passages racontent la naissance de la femme à deux moments différents. «Dans le premier, l’homme et la femme apparaissent en même temps; Dieu crée le couple humain, relève le professeur. Or, dans le deuxième passage, le Seigneur commence par créer un seul être.» ?????
Il faut lire, dans les 2 récits; la femme est créée après.
Contradiction n° 3: dans le premier récit, Dieu s’appelle «Dieu», soit «Elohim » dans le texte original; dans le deuxième récit, il s’appelle «Yahvé», qu’on traduit en français par «le Seigneur ».
Ah Bon ? Dieu a plusieurs noms. Saviez vous que Jésus s’appelle Emmanuel, Dieu avec nous ?
Le problème de votre site comme des centaines d’autres, c’est que sa seule intention n’est pas de comprendre et d’étudier mais de balancer n’importe quoi pour discréditer un livre qui a changé tant de vie.
Mais je persiste à croire que ce site n’est qu’un site anti-catholique car voici la phrase « Après lui, l’Eglise a commencé à se dire qu’on ne pouvait peut-être pas prendre toute la Bible à la lettre, dit Thomas Römer »
L’église avec un grand E montre que les créateurs de ce site pense qu’il n’existe que l’église catholique dans le monde (rire)
Dommage simplement que ce site soit un site universitaire.