Norvège, États-Unis ou Allemagne, mêmes soucis

Menée dans des pays aux systèmes éducatifs très différents – de l’État-providence au modèle libéral –, l’étude conduite par Michael Grätz montre que la politique peine à gommer les inégalités.

Même dans une société aussi égalitaire que celle de la Norvège (ici, à Ålesund), les politiques publiques ne neutralisent pas l’effet du facteur de l’âge des parents. © Tatyana Tomsickova / Dreamstime.com

Les données démographiques et scolaires utilisées pour l’étude de Michael Grätz sont issues de trois pays: la Norvège, l’Allemagne et les États-Unis. Trois États caractérisés par des politiques sociales et des niveaux d’inégalités en matière d’éducation très différents. La Norvège étant le pays le plus égalitaire et les États-Unis, le moins entreprenant en la matière.

Le «modèle scandinave» social-démocrate, que l’on connaît aussi sous le terme d’État-providence, prévoit de nombreuses mesures de protection sociale et d’égalité des chances. Résultat: un faible niveau d’inégalités économiques, la gratuité de la prise en charge scolaire et une redistribution importante des ressources en faveur des familles avec enfant. Quant au modèle libéral américain, il se caractérise en revanche par un haut niveau d’inégalités économiques et très peu de soutien aux citoyens dans le besoin, notamment les jeunes parents. Entre les deux, le système de protection sociale allemand est plutôt généreux à l’égard des familles, mais moins que celui de la Norvège.

On pourrait penser que l’état social à la scandinave, égalitaire et redistributif, neutralise l’effet d’un facteur comme l’âge des parents et que, même si ceux-ci sont jeunes, le parcours scolaire de leurs enfants n’en pâtira pas grâce au soutien de l’État. De la même manière, on pourrait penser que l’âge des parents pèse plus lourd dans la trajectoire scolaire des enfants dans un pays comme les États-Unis, où le filet social est très mince et les jeunes parents peu soutenus. Mais il n’en est rien. Les résultats de Michael Grätz montrent que le fait de retarder la naissance du premier enfant est lié à une amélioration des résultats scolaires autant aux États-Unis qu’en Norvège ou en Allemagne.

Quelle que soit la politique en place, le niveau d’éducation des enfants augmente toujours avec l’âge de leurs parents. «On sait que les inégalités sociales sont très difficiles à gommer par le biais de la politique, même dans les pays qui investissent beaucoup en faveur de l’égalité des chances, comme la Norvège», concède Michael Grätz.

Les données utilisées dans l’étude ne concernent pas la Suisse, mais les résultats obtenus pourraient très bien être extrapolés à notre pays, admet le chercheur. «Le comportement démographique est similaire ici, rappelle-t-il. Et on peut dire que la Suisse entre dans la même catégorie que l’Allemagne en matière de politique sociale, comme d’autres pays d’Europe de l’Ouest, d’ailleurs.»

Article principal: Parents plus âgés, enfants mieux formés

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