Le professeur Ueli Kramer dirige l’Institut universitaire de psychothérapie (IUP). Il s’intéresse à l’efficacité des psychothérapies en vue d’améliorer la prise en charge des troubles psychiques dans toute leur diversité.
L’effet d’une molécule peut s’avérer rapide sur les maux de tête. Les troubles psychiques, en revanche, nécessitent une psychothérapie adaptée à chaque cas, associée ou non à la prise d’un médicament. Tout un programme qui déploie différentes techniques éprouvées, et qui exige des améliorations si on veut apporter de la précision et du changement dans la vie des patients.
Nommé en 2023 professeur à la Faculté de biologie et de médecine, au sein du Département de psychiatrie, Ueli Kramer est un psychologue-psychothérapeute prolifique. Il préside ainsi l’ESSPD (European Society for the Study of Personality Disorders), dont il organise cet automne à Anvers le congrès biannuel sur le traitement des troubles de la personnalité. Ueli Kramer est lui-même spécialiste du trouble de la personnalité borderline et de la dépression, notamment chronique. Pour faire simple, le trouble borderline se caractérise par une dysrégulation des émotions et une hypersensibilité au rejet interpersonnel ; la psychothérapie permet aux personnes d’acquérir de nouvelles compétences et de relativiser ces problèmes.
Dans tous les cas, une psychothérapie bien adaptée au patient – par exemple de type psychodynamique ou cognitivo-comportementale – peut apporter une amélioration de l’état de santé. «Pour nombre de ces troubles comme la dépression, l’addiction ou l’anorexie, nous devons tenir compte du risque de récurrence, même après un traitement psychothérapeutique efficace, c’est donc une question qui reste ouverte pour la recherche», précise le professeur.
Il n’y a pas selon lui de frontière étanche entre la psychopathologie et le fonctionnement émotionnel de tout un chacun. «La différence porte sur la manière dont les personnes en bonne santé réagissent par rapport à leur interprétation des faits, avec une plus grande capacité à remettre en question leurs propres explications», esquisse-t-il. Une «flexibilité émotionnelle» plus importante permet de passer à autre chose pour mener à bien sa vie. «Le psychothérapeute travaille à l’allègement et à la résolution de la souffrance psychique avec les personnes concernées, en utilisant le contexte, les ressources, comme les amis et les activités», souligne-t-il.
À la direction de l’IUP, le professeur Kramer place la formation des praticiens et la recherche sur les effets des psychothérapies au cœur de ses intérêts. Le psychothérapeute doit être «responsive», attentif et réactif, pour aider son patient. La tendance actuelle à une digitalisation de la psychothérapie peut s’expliquer selon lui par les circonstances, quand l’accès au soin n’est pas chose aisée pour tous ceux qui en ont besoin: «Imaginez au nord du Canada, par exemple, où un traitement en ligne, même avec une efficacité un peu moindre qu’en face-à-face, est mieux que de ne pas en avoir du tout».
Père d’une fille de 14 ans, mari d’une enseignante, Ueli Kramer pratique à bientôt 50 ans plusieurs sports de glisse, passe du temps en famille, aime la lecture et bien manger. Réalisant un rêve d’enfant, il se consacre volontiers à l’écriture: dans un livre à paraître cette année, il combine des explications scientifiques et le récit fictif d’une psychothérapie. Récemment il a publié avec deux collègues nord-américains un dialogue autour de six cas réels pour «comprendre et améliorer les mécanismes du changement». /
Une ville de goût
Boston, pour le homard fraîchement pêché dans l’Atlantique, servi avec une sauce au beurre et citron.
Un goût de l’enfance
Faite par sa mère, la soupe aux crêpes de Sarrasin et à la ciboulette.
Une personne à sa table
Jonas Jonasson pour discuter de ses personnages fictifs hors du commun ou l’historien Serhii Plokhy pour comprendre comment les destins de l’Ukraine et de l’Europe sont liés.