« Toute œuvre de fiction, faisait remarquer Diderot, repose sur un mensonge, mais ce mensonge, pour nous émouvoir, doit se rapprocher le plus possible de la vérité. »
De mon propre aveu, Jacques Vergès
« LA MARQUISE : On égorge une armée et l’on n’égorge pas un peuple. »
Acte III, Scène 6. Lorenzaccio, Alfred de Musset
Le théâtre
Indignez-vous ! vous dirais-je si j’étais Stephan Hessel. Quoi ?! Que se passe-t-il ?! Je n’ose à peine y croire ! de l’esclavage en Libye ?! Seigneur Dieu ! mais quand s’arrêtera la Barbarie humaine ? ! Je ne sais pas…Je ne sais pas…mais…mais…il faut combattre les barbares. Je le dis et je le reledis me répondrait l’Imam de Drancy, futur membre de l’Académie française, peut-être un jour, si l’humanité continue toujours à se diriger dans le caniveau. C’est horrible ! C’est affreux, les mots manquent. Là maintenant j’ai envie de prendre une casserole, un porte-voix, une banderole et descendre dans la rue pour hurler mon indignation face à cette horreur. Je n’en dors plus la nuit. J’en ai la nausée. Je vomi. J’en perd l’appétit. Je n’ai plus foi en l’homme. Je ne crois plus en rien !! Je gueule ! Je gueule ! Et autour de moi, tout le monde fait de même. Et oui et oui, on s’indigne, on crie, on condamne, on pleurniche, dans les rues comme chez les hauts fonctionnaires. Emmanuel Macron, le messie du pauvre, n’a pas hésité à dire, face au monde, qu’il s’agissait de « crime contre l’humanité » ! Et puis à l’ONU aïe ! aïe ! aïe ! ça court dans les couloirs, vite ! vite ! vite ! cellule de crise ça part en couille en Libye ! on ne gère plus rien !! Un sommet express qu’ils vont faire comme ils disent. Il va falloir parler de ces migrants d’Afrique subsaharienne qui fuient la misère et la guerre et la dictature. Capturés, ensuite, ils sont, par des affreux marchands d’esclaves. Tout l’horreur du monde a pris rendez-vous en Libye. « Nous les Libyens, nous avons été choqués autant que vous, nous n’avons pas assez de mots pour qualifier de tels actes, de tels agissement» nous dit l’ambassadeur de Libye au Niger. Les mots lui manquent…effectivement c’est innommable ! Merde ! Merde ! Merde ! Cela ne peut que nous rappeler les heures sombres d’une époque que l’on croyait révolue depuis la fin de la guerre de sécession. « Hors football je ne suis pas à vendre » Tel est le slogan que l’on pouvait voir inscrit sur le T-Shirt du footballer Geoffrey Kondogbia. On dirait une demi-mondaine qui ferait des façons en nous expliquant qu’on peut la traiter de pute uniquement durant ses heures de travail. « Je partage pleinement l’indignation du président français, les images révélant la vente de migrants sont révoltantes » nous dit encore M. Avramopoulos, chargé des migrations au sein de l’exécutif européen « vous leur servez comme de fronton à faire rebondir leurs conneries…et bla! et bla! et reblabla!… une heure de cette complaisance vous aurez quinze jours à vous remettre… ».
Le Père Noël
Oui, alors voilà, maintenant, nous allons faire un peu d’histoire. Oui faut bien essayer de comprendre comment on en est arrivé là. Les drames de ce monde ne sont jamais automoteurs. Ils n’arrivent pas en parapente. Avant l’hiver islamique, il eut ce que nous appelions les Printemps Arabes. C’est dans ces circonstances que Muhammar Kadhafi fut chassé du pouvoir par un « peuple en colère » … Le 20 octobre 2011, on finira par le faire crever. Oui parce que les soldats du Beau du Bien et du Vrai voulaient redonner de la liberté au peuple Libyen. Tout cela, non sans l’aide du philosophe Bernard-Henry Lévy qui appela le président Nicolas Sarkozy, pour faire reconnaître ses « révolutionnaires » comme gouvernement national de transition. Il dressa une liste du Père Noël pour livrer à ces derniers des armes. Tout cela à ses frais. Un beau cadeau du Père Bernard à la Libye… Qui étaient réellement ces types enturbannés qui roulaient en pick up Toyota depuis Benghazi, à travers la Libye, en gueulant Alla Akbar devant les caméras des médias occidentaux, non sans manquer d’être armés de mitraillettes automatiques ? Ouais, c’est vrai que c’est drôle tous ces révolutionnaires, ces djihadistes qui roulent tous en Toyota…à croire qu’il existerait un monopole. Les gentes, peut-être, sont-elles islamo-compatibles. Enfin, nous parlerons Tunning plus tard… Face à des hommes comme cela dont on ne sait pas grand-chose et lourdement armés, cela peut s’expliquer assez aisément que l’armée nationale réagisse. Nous pourrions essayer, nous aussi, d’aller ainsi faire une démonstration de force sur la Place Fédéral à Berne. Pour nous plaindre du manque de démocratie en raison de la lenteur de la mise en œuvre du vote du 9 février 2014, par exemple…Oh bien sûr, avant cela il faudrait que nous aussi nous appelions Père Bernard, pour éventuellement qu’il nous paye des armes et 4X4 Toyota. Il faudrait le faire poliment dans le plus grand respect du monde. Il y aurait des outrances auxquelles il ne faudrait point se risquer, jamais ! sans quoi il se vexerait, cesserait d’entrer en matière et nous proposerait alors tout bonnement l’immolation. Oui alors ça, cela nous fait remonter au 17 décembre 2010, dans les rues de Sidi Bouzi, en Tunisie. Le jour où Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant se voyant confisqué sa marchandise, s’est immolé par le feu. Il n’est pas question d’en rire car pour en arriver là, il en faut du désespoir, mais pas que… il faudrait aussi être un peu plus que ce que je suis… faudrait être un peu plus qu’un étudiant de sciences politiques…enfin bref… Hommage à lui ! Mais que l’on ne nous fasse rien croire. Un homme qui s’immole n’interrompera jamais le mouvement réel de l’Histoire. Peut-être qu’un jour, des commerçants y verront une possibilité de créer une extension du marché et en même temps de calmer les âmes en colère. Tu es lassé de tes dirigeants ? Tu veux dire stop à ce gouvernement dans lequel tu ne te reconnais plus et qui t’oppresse ? commande ton bidon d’essence chez British Petroleum. Livraison à moitié prix, satisfait ou remboursé. Evidemment, il n’y a pas de réseaux, pas de volonté cachée derrière tout cela. Il n’y a pas des affaires économiques qui se jouent au niveau de l’Etat profond. On va mettre un peu les mains dans la merde, prendre une boîte à outils et dévisser les chiottes pour accéder à la tuyauterie de la realpolitik. Nous allons nous retrouver très vite, de nouveau, dans une affaire de gasoil…
La tuyauterie
Ouais, alors tout commence avec une histoire de contrat passé en 2008, entre North Global Oil And Gas Compagny, dirigée par Ziad Takieddine qui agissait au nom de la Libye et Total. Cet accord portait sur l’exploitation d’un gisement pétrolier situé en Libye, nommé NC7. Les droits d’exploitation seront donc cédés au groupe français pour un montant de 140 million de dollars. Plus tard, cependant, un troisième intervenant fera son entrée sur la scène. Il n’est autre que le Qatar. Kadhafi avait déjà fait savoir, auparavant, qu’il refusait de céder à ce dernier un quelconque droit sur son territoire, en ce qui concerne l’exploitation de ses gisements. C’était sans compter sur le fait que le Qatar est aussi petit, qu’il est retord. Il va essayer directement via Sarkozy et le groupe Total d’exploiter ses gisements. Kadhafi l’apprendra et en sera furieux. C’est alors, selon les dire de Ziad Takieddine que l’émir du Qatar encouragera le gouvernement Sarkozy à renverser le guide Libyen. BHL présentera, par la suite, cette guerre comme une opération aux fins humanitaires. Ben Ali, lui, refusera d’être complice de ce projet. Il aurait même informé le président algérien Bouteflika ainsi que le Colonel Kadhafi des desseins de ces derniers. En septembre 2010, des émissaires de Doha et de Paris se sont rendus à Tunis. Hasard du calendrier ou non, c’est en septembre 2010 que le chef des armées françaises aurait pris la décision de renverser le gouvernement Libyen. Dès lors, il fallait aussi renverser Ben Ali. D’ailleurs, précédemment, rien n’annonçait la chute de ce dernier. Le 18 novembre 2008, alors que Dominique Strauss Kahn était encore président du FMI, avant de chuter, lui, non pas pour une histoire de feu mais une histoire queue, s’était exprimé comme suit depuis Tunis, après avoir rencontré le chef d’Etat tunisien de l’époque : « La Tunisie est un bon exemple à suivre pour beaucoup de pays qui sont émergents ». Bon ben si tout ça est vrai, aussi dramatique et courageux que puisse être l’acte de Mohamed Bouazizi, on est quand même en face de quelque chose de plus complexe dont l’explication ne peut être réduite à une histoire de bidon d’essence et d’allumettes…
American cleaning
Il faut dès lors se remémorer ce qu’était la Libye au temps du roi des rois. Il s’agissait d’un des pays les plus riches d’Afrique. A sa tête, un chef d’Etat qui avait la volonté de faire renaître une Afrique unie et de l’émanciper des puissances occidentales. Son indice de développement humain était l’un des plus hauts d’Afrique. Ce que le programme des Nations Unies pour le développement confirme. Enfin voilà, de toute façon tout ça c’est de la compta…On vous dira, aussi, que sous Kadhafi l’esclavage sexuelle était monnaie courante. Oh oui, ça on vous le dira, des heures et des heures durant, à la télévision. On ne fera, cependant, que vous le dire…Il y en a une là, qui aimait faire ça, Annick Cojean qu’elle s’appelait. Journaliste reporter pour le journal le Monde, qu’elle était. Avec un regard d’allumée, manquant de justesse de ne pas se vautrer au sol lorsqu’elle se dirigeait vers son siège afin d’avoir son tour de parole chez Ruquier, qu’elle parlait. Elle, il y a toute la folie du monde qui s’est réunie dans ses yeux. Et c’est tout. Cela aurait été intéressant de lui faire une analyse sanguine… Enfin, alors elle nous parle de Soraya, Soraya dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle fut violée par le Kadhafi. Et qu’elle a quinze ans… « en dessus de quatorze ans c’est dégueulasse » nous disait Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture sous Sarkozy. L’homme qui aimait aller forniquer avec des enfants en bas âge, loin d’ici, là-bas en Thaïlande. Il le fait. Il le dit. Il le prouve. Elle, elle raconte… Elle fait que ça. Kadhafi, l’homme qui violait des jeunes pucelles, les femmes d’autres chefs d’Etat, et même ses ministres. Elle nous conte ça longtemps comme ça, sans rire, sans preuve…Enfin, heureusement il n’est plus là maintenant… « We came, we saw, he died ». Elle dit ça comme ça Hillary Clinton, sourire aux lèvres, toute fière de nous expliquer que le ménage a bien été fait dans l’Hôtel Libye. Ah là là décidément…à croire qu’elle veut nous convaincre, elle, que « Les femmes ont des natures de domestiques ».
Blocus sur l’armée industrielle de réserve
Alors, oui maintenant que le guide est parti tout va pour le mieux. Le peuple a repris ses droits. Le gouvernement de Tobrouk dirige le pays depuis un hôtel à Benghazi. Les mélanodermes sont lynchés, notamment pour avoir défendu le régime de Kadhafi. Des milices djihadistes font la loi à travers le pays. Cette nation est devenue une zone de transit pour les migrants qui souhaitent rejoindre l’Europe. Malheureusement, maintenant ils sont capturés par des milices qui règnent en maîtresses sur la Libye. Ils sont ensuite faits esclaves par ces dernières. C’est horrible, c’est affreux…Ouais, faut toujours répéter ça… C’est un peu comme dans les enterrements, faut toujours, un moment ou un autre, lâcher quelques gémissements pour montrer qu’on est triste, question de bienséance voilà tout… Donc, nous avons les pays du Nord occidentaux alignés de grés ou de force sur une ligne capitaliste libérale, qui s’indignent que leur armée industrielle de réserve, qu’ils sont impatients d’accueillir chez eux pour la faire bosser à quatre-vingt centimes d’Euros de l’heure, soit réquisitionnée comme esclave. Au Sud, on est un peu plus conservateurs, on veut revenir à l’ancien temps, on n’est pas très open, pas trop trop libéral. On préfère le servage et l’esclavage. Somme toute la situation n’est pas si différente qu’au temps de la Guerre de Sécession, où le nord tourné davantage vers un capitalisme libéral, reposant principalement sur l’échange marchand avait compris qu’un prolétaire c’était moins cher qu’un esclave en termes d’entretien. Le second doit être nourri, habillé et logé. De surcroît, il ne paie aucun impôt et pire encore, il ne consomme pas. Quand le premier, lui, se contentera d’un salaire de subsistance. Les Sudistes, eux, ils voulaient les garder leurs esclaves nom de Dieu ! Ce ne sont pas des commerçants mais des cultivateurs. Ils sont emmerdants ces nordiques. Le désaccord sera réglé au cours d’une guerre civile… Et comme la logique matricielle des conditions matérielles objectives d’existence de l’esclavage commençaient à disparaître, le Nord gagnera. Aujourd’hui c’est une nouvelle guerre de Sécession qui se joue et rien d’autre. Ces pauvres esclaves sont vraiment les dindons de la farce. Persécutés, affamés qu’ils sont par les potentats africains qui règnent chez eux, la solution à tout cela leur semble être l’émigration. Qu’elles arrêtent, ces marionnettes africaines improvisées chef d’Etat, de se dire indignées par la situation des Noirs en Libye. S’ils sont pris en guetta pan là-bas, c’est précisément par ce qu’ils fuyaient le régime de ces dernières. Incapables ou non désireuses qu’elles sont d’offrir une vie décente à leurs populations. Décidément, la politique ça a souvent été du théâtre, mais là on commence vraiment à voir que ce sont des acteurs dont les répliques perdent en crédibilité. Au Nord, chez les marionnettistes, là aussi on s’insurge. On ne laissera pas braquer son armée industrielle de réserve comme ça par des enculeurs de chameaux ! Qu’on arrête ce cirque de l’alliance objective entre élites corrompues du Sud et élites corruptrices du Nord, qui ont tué ou laissé tuer Kadhafi pour des raisons certainement peu avouables. La Libye, autrefois, l’une des nations la plus prospère d’Afrique est devenue lieu de marché aux esclaves. Ce phénomène n’est pas un problème en soi, mais plutôt les conséquences de maux plus profonds qui ronge de l’intérieur et de l’extérieur, le berceau de l’humanité. L’Afrique a tout le potentiel pour se développer et garder ses natifs sur sa terre au vu de la fertilité de son sol et les richesses de son sous-sol. Elle a aussi, malheureusement, des élites corrompues aux services des intérêts de multinationales qui chaque jour, depuis longtemps, lentement la font crever… Alors oui, c’est convenu et guère original que le dire, mais il en est ainsi. Si l’Histoire est tragique, le réel est têtu et il nous répète sans arrêt les mêmes choses. Lorsque l’on s’obstine à ne pas vouloir l’entendre, irrémédiablement, un jour où l’autre, il nous pète à la gueule, sans faire de manière.
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Sources
http://www.sofoot.com/kondogbia-hors-football-je-ne-suis-pas-a-vendre-450269.html
http://www.sofoot.com/kondogbia-hors-football-je-ne-suis-pas-a-vendre-450269.html
https://www.24heures.ch/monde/Esclavage-en-Libye-la-CPI-appelee-a-agir/story/13189630
https://www.youtube.com/watch?v=FmIRYvJQeHM
https://www.youtube.com/watch?v=_GmYxEOM80c
Louis-Ferdinand Céline, voyage au bout de la nuit
Voyage au bout de la nuit ; Louis-Ferdinand Céline
Image :https://www.google.ch/search?q=les+esclavagistes&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiRsbODoO7XAhXQo6QKHaJ6D5QQ_AUICigB&biw=1920&bih=935#imgrc=_B_e0NEl0VAjuM: