Un Steinlen exceptionnel !

Jean Richepin, La chanson des gueux
Edition intégrale décorée de 252 compositions originales de Steinlen
Paris : Edouard Pelletan, 1910

USC 2570

Un des trois exemplaires de tête réimposé sur papier Whatman, avec une suite sur japon et une suite sur chine, deux prospectus et un carton d’invitation pour l’exposition des dessins de Steinlen (n° 1, imprimé Adolphe pour Bordes), relié en 4 volumes par Marius Michel en plein maroquin havane, plats intérieurs en maroquin tête de nègre, gardes de tissu ocre, tranches dorées sur témoins.
Cet exemplaire comporte 234 grandes compositions originales ayant servi à l’illustration, 29 dessins des bandeaux et lettrines du « glossaire argotique » et de la table des matières (une des lettres ornées manque), l’encadrement de la justification du tirage où figurent les portraits de Steinlen­, Richepin et Pelletan, un grand portrait de Richepin et 9 dessins non utilisés, soit en tout 272 compositions originales (mine de plomb, fusain, encre noire, gouache blanche et crayon bleu), la plupart à la dimension du livre réimposé (36 x 26 cm), parfois plus grandes, sur des feuillets repliés.



Une reliure sans colle ni couture signée Johanna Fernandez

Maurice Chappaz, Le papier, le livre
Illustrations de Gérard de Palézieux, Pierre-Yves Gabioud, Pascale Hémery
Meaux : Editions de la Revue Conférence, 2014

USB 5591

Méditation amoureuse sur le papier suivie d’un commentaire de Christophe Carraud, Qu’est-ce, aujourd’hui, qu’un livre?

Exemplaire relié par Johanna Fernandez, relieuse établie à Arpaillargues (France) à l’enseigne de « L’Esperluette »: reliure sans colle ni couture (technique Hedi Kyle), couvertures et ruban de fermeture en papier japon Mun gami, papier de conservation pour la structure en accordéon.

Une reliure originale de Louise Bescond

Alfred Deux, Extroït
Douze gravures de Fred Deux
Vence : Pierre Chave, 1974

USB 2778

Un des 10 exemplaires de tête (n° 9) accompagnés d’un cuivre original, dans une reliure de Louise Bescond en pleine peau marron clair ornée d’un décor libre à froid et d’un filet vertical à chaud, titre doré au dos, garde de papier doré original, cuivre enchassé au verso du plat inférieur.

Poésie de chiottes

Serge Cantero, [Un litre de poésie de chiottes]
Lausanne : Serge Cantero, vers 2015

OBLA 2653

Livre d’artiste unique relié en rond conservé dans une boîte cubique en bois verni ornée de fenêtres rondes découpées sur 5 des 6 côtés.

Ce livre-objet a fait l’objet en 2015 d’un édition (reproduction avec quelques modifications).


Arrabal revisité par Julius Baltazar

Fernando Arrabal, Ardeur
Lavis originaux de Julius Baltazar et texte manuscrit reproduits en sérigraphie
Paris : Luc Moreau, 1983

OBLA 2352

Un des 40 ex. de tête (n° 2) signés par l’artiste et l’auteur et rehaussé par Baltazar.

Reliure originale signée R[oland] Meuter (dos en maroquin avec titrage à chaud, plats recouverts de papier fantaisie métallisé).

Le 6° coup deeeeee minuit

Philippe Soupault, Le 6° coup deeeeee minuit
Partition musicale de Jean-Jacques Robert
Dessin à la plume et 5 gouaches originales de Léon Gischia reproduites au pochoir
Toulouse : Privat, 1973
NEDB 5786

Papier pur chiffon créé et fabriqué à la forme pour le tirage par Jean Duchêne.
Etui métallique réservé au tirage de tête conçu, réalisé et signé par le peintre Yvan Erpeldinger.

Tirage limité à 53 exemplaires.

Quand Marseille se prenait pour Lausanne…

Tableau historique de Marseille et de ses dépendances
A Lausanne ; et à Marseille : chez Joseph Roustan, 1789
AZ 8934

L’adresse de « Lausanne » est fictive : le volume a de toute évidence été imprimé à Marseille.

Reliure en plein maroquin carmin aux armes et au chiffre du comte Godefroy de Montgrand poussés à l’or.

Une reliure peinte de Lélo Fiaux

Katherine Mansfield, Lettres, Paris : Stock, Delamain et Boutelleau, 1931
UPA 96944

Exemplaire portant la signature de Lélo Fiaux, dans une reliure en demi-parchemin ornée de peintures originale de l’artiste évoquant la correspondance qui fait l’objet du livre.

Reliures d’art contemporaines

La Réserve précieuse comprend une collection de livres reliés par des maitres actifs au siècle dernier qu’elle cherche à compléter par des achats ciblés de pièces réalisées par des relieurs contemporains. Trois des reliures présentées ici ont été acquises dans le contexte du concours mis sur pied en 2012 par la section Suisse de l’ARA (Association des relieurs d’art) pour son 25e anniversaire.

La reliure à mors ouverts proposée par Anne Bossenbroek sur un livre ancien (Guignollet, Le théâtre des ombres chinoises, nouveau Séraphin des enfants : recueil de jolies pièces amusantes et faciles à monter, illustrées de gravures, Paris : Le Bailly, [1880]), en plein parchemin avec décor en transparence et à la plume, a remporté le premier prix. Anne Bossenbroek, française d’origine, vit et travaille à Driebergen (NL).

Les artisans d’art vaudois actifs dans le domaine de la reliure originale ne sont pas pour autant ignorés, comme le montre la reliure imaginée par Laetitia Walsh pour habiller un exemplaire de Mythologie de l’homme, d’Armel Guerne (Neuchâtel, Baconnière, 1946), en plein maroquin noir, plats recouverts en recyclant les plaques de cuivre ayant servi à tirer les deux gravures insérées par l’artiste dans le livre.

Reliure de Laetitia Walsh (UPA 98129)
Reliure d'Anne Puls (CH) sur Les voix de neige, de Dominique Sorrente (UPA 89082)
Reliure d'Anne Bossenbroek (UPA 89082)
Reliure d'Ana Ruiz-Larrea (E) sur: Le théâtre et les miroirs, poèmes d'Adonis, illustrations de Marc Pessin (UPA 89114)

Une œuvre en forme de livre unique

Gaël Bandelier, Corps en décomposition : de l’artiste en train de travailler – Recomposition : de l’œuvre en livre, Goumoens-le-Jux : Stultifera Navis Fabrik, 2009
USC 264

Livre d’artiste unique, dessiné et manuscrit sur papier calque translucide, dans un écrin original de l’artiste en verre acrylique inspiré de la reliure à la japonaise.

Né le 6 août 1977, Gaël Bandelier reçoit en 2005 le Prix de la Société suisse des auteurs (SSA) pour son texte dramatique Point de fuite (possible), publié aux éditions L’Harmattan (Paris) deux ans plus tard. Lauréat, en 2008, du concours « Textes-en-Scènes » organisé par la SSA, il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Depuis quelques années, Gaël Bandelier mène une démarche exploratoire dans le domaine du livre d’artiste, mêlant à ses talents d’écrivain ceux de peintre et dessinateur, moins connus.

Au temps des recueils de vues romantiques du Léman…

Jacques Rothmüller, Souvenirs du Lac Léman, Genève : Lith. de Spengler et Cie, [ca 1830]
OBLA 2180

Contient 12 planches lithographiées par Spengler et Engelmann:

  1. Coppet et Château de Mad. me de Staël
  2. Bains Astor à Genthod
  3. Port de Nyon et château de Prangins
  4. Entrée du port de Morges
  5. La Gordane près Rolle
  6. Château de Wuflens
  7. Ouchi et Lausanne
  8. St. Pré
  9. Tour du Peilx et Vevey
  10. Bains Eynard à Beaulieu près Rolle
  11. Nyon
  12. Village et Château de Cran

Reliure avec décor à la plaque à froid, titre poussé à chaud « Souvenirs de la Suisse » sur le 1er plat, avec étiquette du relieur, Simier (Paris). Exemplaire incomplet du titre gravé.

Antonin Artaud – Lettres de Rodez

Antonin Artaud – Lettres de Rodez

Antonin Artaud, Lettres de Rodez (Paris : GLM, 1946)

Un des 26 exemplaires réservés aux amis de GLM (Guy Lévis-Mano), dans un emboîtage façon étui à cigares en lézard cerise réalisé par Clara Gevaert en 2007. En novembre 1942, Robert Desnos prend contact avec le docteur Gaston Ferdière, ami de longue date des surréalistes et médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Rodez, afin de permettre le transfert d’Antonin Artaud, alors enfermé à l’hôpital de Ville-Évrard, en région parisienne. Jusqu’en 1946, Artaud écrira au Dr Ferdière, qu’il voit cependant chaque matin, une cinquantaine de lettres qui offrent un témoignage fascinant de l’internement du poète, qui subira 58 séances d’électrochocs. C’est en 1945, durant ce séjour à Rodez, qu’Antonin Artaud commence à tenir un journal sur de petits cahiers, réinvente un nouveau corps d’écriture, entre texte et dessin, entre théâtre vocal et danse rythmée de coups de couteaux qui transpercent la feuille.

La vocation de Guy Lévis-Mano commence en 1923, alors qu’il publie avec quelques amis La revue sans titre, revue illustrée de gravures sur bois dont la mise en page fait l’objet d’une recherche formelle évidente. Ce souci constant pour la typographie et l’illustration ne le quittera plus, qu’il s’agisse des nombreuses autres revues créées ou de son travail d’éditeur. En 1933, le poète urugayen Rodriguez Pintos lui laisse une petite presse à levier avec quelques casses, et GLM commence alors à imprimer lui-même.

« […] Puis, il y avait Aragon, alors rôdeur familier des passages et des ruelles de la capitale. Dans son livre sur ce thème, il avait oublié le poète-imprimeur qui vivait avec sa chienne Elsa dans un enclos du quatorzième arrondissement où il avait son atelier. Paysan de Paris plus qu’Aragon ne l’eût jamais imaginé, Guy Lévis Mano, l’éditeur des surréalistes, travaillait là, dans une arrière-cour de la rue Huyghens où la concierge, qui vivait dans une minuscule baraque, était souvent la mère nourricière de ses artistes. Guy s’affairait lentement dans une minuscule pièce (on avait peine à se glisser autour de la presse d’imprimerie). Il allait composer là, sous la raison sociale GLM, Les Yeux fertiles d’Éluard, La Main passe de Tzara, les Poésies complètes de Soupault, Kyrie de Pierre Jean Jouve et les Lettres de Rodez d’Antonin Artaud. Je le verrai toujours, les doigts brillants de plombagine, cherchant dans le haut de casse la lettrine d’un Garamond. » (Pierre Courthion, D’une palette l’autre)

Un manifeste réactionnaire dans une reliure romantique

Un manifeste réactionnaire dans une reliure romantique
Charles Cottu, De la nécessité d’une dictature (Paris : Belin-Mandar et Devaux, 1830)

Juriste et publiciste né en 1778, Charles Cottu fut un partisan convaincu de la réaction incarnée par Charles X et un ennemi juré de la liberté de la presse : « Ils ont voulu la liberté indéfinie de la presse ; ils périront par la presse ».

Publié en mars 1830, De la nécessité d’une dictature intervient au moment où la tension entre Charles X et la classe politique est à son comble en raison des prérogatives que le roi veut s’attribuer, ressenties comme un retour à la monarchie absolue.

Contraint à l’exil après le renversement de Charles X, en juillet 1830, Cottu se réfugie à Lausanne, où il rédigera son principal ouvrage : Théorie générale des droits des peuples et des gouvernements appliquée à la Révolution de Juillet.

Reliure en plein veau olive décorée à la roulette à froid, fleuron central estampé en négatif, double filet doré encadrant les plats.

Une perle dadaiste imprimée à Lausanne

Une perle dadaiste imprimée à Lausanne
Francis Picabia, Poèmes et dessins de la fille née sans mère : 18 dessins, 51 poèmes (Lausanne : Imprimeries réunies, 1918)

Ce célèbre recueil de poèmes « mécanomorphes » dans lequel Picabia a tenté de réconcilier deux des facettes de son talent, celle d’auteur et celle de peintre, a été réalisé durant les années difficiles où l’artiste sombre dans une profonde neurasthénie. C’est à l’occasion d’un séjour en Suisse, où il rencontre le Dr Brunnschweiler, que Picabia fera imprimer ce livre, probablement à compte d’auteur. Exemplaire dans une reliure originale de Bernard Bichon comportant sur chaque plat un décor d’esprit mécaniste constitué de pièces détachées d’horlogerie reliées par un fil rouge.