Des gens comme les autres

Film de Robert Redford
Date de sortie: 11 mars 1981
Avec Donald Sutherland, Judd Hirsch Thomotty Hutto, Mary Tylor Moore
Récompenses: Oscars du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur

Calvin et Beth Jarret, couple aisé de la moyenne bourgeoisie américaine, ont deux fils : Buck et Conrad. Depuis la mort accidentelle de Buck, la famille est à la dérive. Conrad fait appel au Docteur Berger pour tenter de sortir de son état dépressif.

Robert Redford dépeint à merveille comment cette famille tente de maintenir une vie ordinaire, sans les juger toutefois, pour faire face à ce deuil terrible qu’est la perte d’un fils et d’un frère. Mais la famille Jarret va devoir peu à peu faire face aux émotions douloureuses qu’il suscite lorsque Conrad, l’enfant survivant de l’accident, plonge dans un état dépressif.

Le film offre la possibilité d’observer de divers points de vue cliniques l’impact d’un tel drame sur cette famille. D’un point de vue comportemental d’abord, sont décrites au début du film les manifestations symptomatiques d’un état dépressif voir post-traumatique chez un adolescent. Puis d’un point de vue systémique, le film laisse voir comment le système familial s’organise pour que le fils endosse le rôle du patient désigné, préservant ainsi le couple parental d’une remise en question.

Un angle plus psychosocial nous conduit à observer comment la mère se préoccupe, légitimement d’ailleurs, du regard de la société dans laquelle la famille évolue. D’un point de vue développemental et humaniste enfin, la thérapie qu’il suit semble l’aider à s’affirmer en tant qu’individu tout en parvenant à apprivoiser ses émotions (colère, culpabilité), ainsi qu’à reprendre les commandes de sa vie en faisant ses propres choix (activités, fréquentations).

Enfin les séances du Docteur Berger montre des aspects intéressants du processus thérapeutique à l’œuvre dans la thérapie avec un adolescent : les attaques du cadre par le jeune patient et la nécessité, pour le thérapeute, d’entrer dans le monde de référence de l’adolescent. Il semble qu’un des enjeux pour le thérapeute soit de trouver un juste équilibre face à un adulte en devenir tout juste sorti de l’enfance, à savoir faire comprendre à l’adolescent qu’il est désormais capable d’autonomie tout en ne niant pas qu’il est encore influencé par le système familial. Cela rend parfois utile de faire participer un/les parent/s (dans le film le père) aux efforts de changement du jeune.

Le film présente donc un intérêt, à notre sens, pour développer un questionnement clinique sur l’adolescence dont les lignes qui précèdent n’en sont qu’un exemple (C. Décosterd).