Rochat Line

Panser le lien. Anthropologie de l’attachement et de la prématurité dans un service de néonatologie suisse.

Après une licence en sciences sociales, Line Rochat a poursuivi son parcours au sein de l’Institut des sciences sociales (ISS) de l’Unil en qualité d’assistante-doctorante. Elle y a exploré la thématique de la naissance, de la reproduction et de la petite enfance en s’intéressant plus particulièrement à la question de l’accueil des nouveau-nés et à la situation de naissance avant terme. Elle a mené un terrain de recherche d’une année dans un service de néonatologie romand. Elle a soutenu sa thèse 18 novembre 2019 sous la direction de la Professeure Irene Maffi. 

Cette thèse propose une anthropologie de l’attachement et de la prématurité sur la base d’un terrain de recherche d’une année dans un service de néonatologie suisse. Elle interroge les interactions ordinaires entre les nouveau-nés hospitalisés et les personnes qui en prennent soin, principalement leurs parents et les soignants, ainsi qu’aux relations que les uns et les autres tissent au cours du temps plus ou moins long passé ensemble. Venant troubler les catégories et les images associées aux fœtus/nouveau-nés par leur corps à la limite de l’humanité, les nouveau-nés prématurés font l’objet d’un intense travail de familiarisation par les personnes qui les accueillent. Celui-ci se traduit notamment par une appréciation des liens affectifs au travers de la grammaire de la théorie de l’attachement, largement partagée au sein des contextes européens et nord-américains depuis la fin des années 1960, qui plus est dans les institutions socio-sanitaires.

En m’appuyant sur des travaux issus de différents champs disciplinaires qui mettent en lumière d’autres configurations relationnelles entre les nouveau-nés et les personnes qui en prennent soin, je propose de reconsidérer l’attachement comme un processus qui ne concerne pas uniquement des individus isolés mus par des besoins vitaux ancrés au plus profond de leur être mais comme un travail collectif de reconnaissance de critères qui importent dans ce qui compose l’humanité d’un être.

Ce travail se déploie dans les pratiques de soins ordinaires, dans les critères qui importent dans le tissage de liens affectifs entre les parents et leur fœtus puis nouveau-né, par l’apprentissage d’une forme de parentalité collective parents-soignants propre à la vie du service de néonatologie, par la co-construction d’une personnalité propre aux enfants et par la reconnaissance de leurs capacités communicationnelles.