Chautems Caroline

Negotiated breastfeeding as an embodied parenting model. An ethnography of holistic postpartum care by independent midwives in Switzerland

Caroline Chautems est titulaire d’un Master en Sciences Sociales de l’Université de Lausanne. En conjugaison à sa recherche de thèse, elle a occupé un poste d’assistante diplômée au sein de l’Institut des Sciences Sociales de 2013 à 2018. Parallèlement, elle a réalisé des mandats d’enseignement et d’encadrement au sein de la filière sage-femme de la Haute École de Santé de Genève. Depuis novembre 2018, elle est chargée de recherche à la Haute École de Santé Vaud pour le projet FNS Mi-TIC, s’intéressant aux usages des technologies en périnatalité par les familles immigrées en Suisse. Elle a soutenu sa thèse de doctorat, réalisée sous la direction de la Prof. Irene Maffi, le 25 septembre 2019. Ses intérêts de recherche portent principalement sur la reproduction, le corps et la parentalité, et les enjeux de genre qui sous-tendent ces thématiques.

 À travers une ethnographie des consultations post-partum de sages-femmes indépendantes pratiquant un suivi dit « global » dans le canton de Vaud, en Suisse romande, ma thèse explore les pratiques et expériences d’allaitement de parents qui ont choisi de donner naissance à leur enfant à domicile ou dans une maison de naissance. Construit en opposition à une approche technocratique de la naissance, le modèle holistique se caractérise par la continuité et l’individualisation des soins, ainsi que par une conception non-interventionniste de la naissance. Dans un contexte médical identifiant l’allaitement maternel comme la manière la plus appropriée de nourrir les bébés, l’initiation de l’allaitement est un élément central du suivi post-partum. En accompagnant les sages-femmes lors de leurs visites à domicile entre mai 2014 et février 2017, j’ai pu observer les parents déployer le travail corporel et émotionnel requis pour accomplir leur « projet d’allaitement », pensé dans la continuité de leur choix de naissance extrahospitalière.

En complément de l’observation-participante durant ces visites, j’ai effectué des entretiens avec les parents, me permettant de retracer leur trajectoire d’allaitement de la naissance au sevrage. Durant leur suivi, les sages-femmes s’engagent avec les parents dans une co-construction de sens autour de l’allaitement, ancrant les identités parentales dans le corps. J’ai exploré en particulier les enjeux soulevés par la gestion du risque, la construction du corps lactant et le travail corporel déployé, et la conception de l’allaitement comme moyen de communication, en accord avec une approche de parentalité « centrée sur l’enfant ». Les parents, conjointement avec leur sage-femme et leur bébé, construisent collectivement un « allaitement négocié », reflétant les tensions et les conflits qui peuvent apparaître au cours du processus, étant donné que les significations produites ne sont pas nécessairement partagées par tou·te·s les protagonistes.

Au croisement des champs de recherche de l’anthropologie de la naissance et des études culturelles sur la parentalité, ma thèse examine les trajectoires d’allaitement des parents, en lien avec les organisations et structures familiales, sociales, professionnelles et économiques qui les entourent. Permettant une réflexion sur les divergences et similarités entre le modèle marginal du « suivi global » et le modèle biomédical dominant, ma thèse met en lumière des enjeux de portée plus générale : notre relation aux risques de santé et la promotion de la santé, les inégalités de genre dans les responsabilités et rôles parentaux, la conception de l’enfant comme « projet » et « l’intensification » de la parentalité qui en résulte.