Avec la financiarisation de l’économie depuis les années 1980, les dirigeants des banques d’investissement et des grandes sociétés d’investissement ont gagné en influence. Ce projet FNS, dirigé par Felix Bühlmann de l’Observatoire des élites suisses (OBELIS), étudie les trajectoires de formation et les carrières de ces nouvelles élites financières, en analysant leur cohésion sociale et l’étendue de leur pouvoir.
Les dirigeants et partenaires des grandes sociétés d’investissements, des banques d’investissements, des hedge funds, des entreprises de capital-investissement, des fonds souverains et des caisses de pension forment un groupe de plus en plus influent. Avec la financiarisation de l’économie et le triomphe de la valeur actionnariale, ils ont gagné en pouvoir face aux dirigeants traditionnels des entreprises industrielles ou de service. L’objectif de ce projet de recherche est d’étudier l’origine sociale, la formation, les carrières et les relations sociales de cette nouvelle élite financière. Quelles sont les formations et les carrières ouvrant l’accès aux positions à la tête de l’industrie financière ? Les dirigeants financiers se distinguent-ils des dirigeants d’entreprises traditionnelles et forment-ils un groupe homogène ? Quelle est l’influence des élites financières dans les sphères politiques, administratives et académiques ? Afin de répondre à ces questions, nous étudierons 1200 dirigeants financiers et 1000 dirigeants d’entreprises traditionnelles en 2005 et 2015. Trois dimensions comparatives structurent le projet : les différences entre les dirigeants non-financiers et les dirigeants financiers, les différences entre la situation euphorique de l’année 2005 et le contexte de post-crise en 2015, et la comparaison entre les différents types de sociétés financières.
Quel pouvoir aux actionnaires ?
Ce projet collecte des données systématiques sur les positions, les carrières et les caractéristiques de cette nouvelle élite financière et développe une série d’indicateurs innovateurs pour mesurer leur cohésion et l’étendue de leur pouvoir. Il utilisera des méthodes quantitatives descriptives comme l’analyse de correspondances multiples, l’analyse de séquence ou l’analyse de réseaux sociaux. Les résultats apporteront une contribution importante à la sociologie des élites économiques et enrichiront les débats concernant le pouvoir des actionnaires en Suisse et au-delà.
Felix Bühlmann, Professeur associé à l’Institut des sciences sociales, membre de l’Observatoire des élites suisses (OBELIS), du Centre de recherche sur les parcours de vie et les inégalités (LINES) et du Pôle de recherche national LIVES.