Jérémie Voirol

Faire la fête à Otavalo. Des pratiques ludiques et d’échange à la mise en scène de la culture dans les Andes équatoriennes

Jérémie Voirol est titulaire d’une Licence ès Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Neuchâtel (branches ethnologie, géographie, sociologie), d’un Master en Sciences Sociales, mention anthropologie, de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales/Paris (mention « Très bien »). Il était assistant diplômé à l’Institut des Sciences Sociales de l’Université de Lausanne (entre 2008 et 2015). Il a soutenu sa thèse sous la co-direction des Profs. Irene Maffi, ISS, et Andrew Canessa, University of Essex.

Cette thèse propose de s’intéresser aux fêtes célébrées par les autochtones de la région d’Otavalo dans les Andes équatoriennes. Son objectif est de rendre compte de la complexité des phénomènes festifs par les performances et les expériences des acteurs·trices sociaux·ales, ainsi que d’analyser l’articulation entre le récréatif et les autres dimensions qui entrent en jeu.
À partir d’une recherche de terrain de longue durée menée dans la région d’Otavalo (environ dix-huit mois au total, dont une période d’une année), l’auteur a compulsé ses observations in situ, la participation et les actions (actes et paroles) de ses interlocuteurs·trices sont rendues par des descriptions détaillées de situations vécues, afin de montrer comment les gens font et ce qui se passe dans les événements festifs.

Cette ethnographie minutieuse met en avant, dans les différents types de fêtes, la centralité de la dimension ludique – qui se décline de façons variées (ivresse, musique, danse, « joie », plaisanteries, plaisir d’être ensemble, etc.) – et l’omniprésence de l’échange – où interviennent les notions de « don » et de « réciprocité » notamment. Ces deux dimensions constituent une manière particulière de vivre ensemble et mettent en jeu une morale liée à des valeurs de générosité et d’amicalité (comment bien faire ? Comment faire advenir le festif ?).

Cette étude met également en lumière le processus de réappropriation des fêtes (inter-) communautaires, impulsé principalement par l’élite et les intellectuel·le·s autochtones depuis environ deux décennies à Otavalo. Les acteurs·trices engagé·e·s cherchent à les transformer en des espaces-temps d’autodéfinition identitaire et de représentation de leur propre « culture ». La « différence » ethnico-raciale est alors pensée et mise en scène, principalement par des compétitions sportives (particulièrement de football) et des spectacles de musique, de danse et de cérémonies chamaniques, projetant ainsi les autochtones d’Otavalo dans un monde contemporain (organisation selon une morale entrepreneuriale, dispositif technologique de pointe, etc.).