Cédric Devaud

Rotation mentale et différences sexuelles: influence des axes directionnels extraits de l’environnement

Cédric Devaud a obtenu sa Licence en psychologie puis un DEA en psychologie cognitive et expérimentale à l’Université de Genève. Il a terminé sa thèse sous la direction de la Prof. Catherine Brandner et travaille actuellement dans l’équipe de recherche de l’institut Feuerstein à Jérusalem, où il se spécialise dans le domaine du «dynamic assessment».

Les tâches nécessitant des manipulations et des transformations de figures géométriques et de formes, comme les tâches de rotation mentale, donnent lieu à des différences de performance entre hommes et femmes qui restent intrigantes. Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer ces différences. La plus récurrente porte sur les différences de stratégie globale vs locale utilisées pour traiter l’information. Bien que cette conjecture soit intéressante, elle reste difficile à opérationnaliser car elle englobe tous les mécanismes cognitifs (acquisition, conservation et récupération de l’information). Ce travail prend la forme d’un retour aux sources dans la mesure où il se base sur des recherches anciennes qui ont montré que les hommes perçoivent significativement mieux que les femmes la verticale et l’horizontale. Il teste l’hypothèse selon laquelle les hommes, comparativement aux femmes, présentent une plus forte indépendance au champ perceptif visuel et sont donc plus susceptibles d’utiliser la verticalité et l’horizontalité pour résoudre une tâche de rotation mentale. Une première série d’expériences s’est penchée sur la perception spatiale pour évaluer son impact sur la résolution d’une tâche impliquant la rotation mentale. Les résultats ont montré que seuls les hommes se référaient à la verticalité et à l’horizontalité pour résoudre la tâche. Une seconde série d’expériences ont investigué l’effet de la présence, ou absence, d’axes directionnels directement liés à une tâche de rotation mentale. Elles ont été menées également en environnement réel afin d’évaluer comment le déplacement actif ou passif, correspondant à un changement de perspective en lieu et place d’une rotation mentale, module la performance des hommes et des femmes. Les résultats n’ont pas mis en évidence de différence sexuelle. Notre hypothèse est vérifiée puisque c’est uniquement lorsque la tâche ne présente pas d’axes orthogonaux évidents mais implicites que seuls les hommes, plus indépendants au champ perceptif visuel que les femmes, utilisent la perception de la verticalité et de l’horizontalité pour améliorer leur compétence en rotation mentale.