En 2014, l’enquête annuelle de l’International Social Survey Program (ISSP) s’est focalisée sur les « réseaux sociaux » et a été présidée par la Suisse, notamment par Marlène Sapin (FORS et ISS, UNIL) et Dominique Joye (ISS, UNIL).
Depuis plus de trente ans, un groupe de pays construit collectivement une enquête annuelle : l’International Social Survey Program (ISSP). Si au départ, ce ne furent que quatre pays qui fondèrent ce programme, Allemagne, Australie, Grande-Bretagne et USA, ce sont aujourd’hui plus de trente pays qui y participent, recouvrant tous les continents et comprenant les plus grands comme le Canada, la Chine les États-Unis ou la Russie mais aussi d’autres comme le Chili, l’Islande ou le Japon. La Suisse a participé à une vingtaine d’édition et est représentée à travers FORS, à qui le FNS a confié cette mission de représentation.
L’assemblée générale annuelle vote le questionnaire de l’édition suivante mais aussi la thématique qui sera développée trois ans plus tard. Les thèmes abordés recouvrent, selon les années, une palette large de sujets politiques et sociaux, allant du rôle du gouvernement aux attitudes par rapport au travail, en passant par l’environnement ou la religion. C’est donc un exemple assez unique de programme international qui fonctionne sur la base du volontariat, s’efforce de tenir compte des spécificités de chacun dans une perspective coopérative et met quasi immédiatement à disposition les données à travers l’archive allemande de données : GESIS.
L’an dernier, le thème « Réseaux sociaux » a été proposé par l’Allemagne et la Suisse, voté par l’assemblée et confié à un groupe de pays composé de l’Allemagne (Christof Wolf), de la Chine (Yanjie Bian), du Danemark (Johannes Anderssen), de la Turquie (Ali Carkoglu) et des États-Unis (Tom Smith), présidé par la Suisse (Marlène Sapin et Dominique Joye), avec le soutien de Taïwan (Yang-chi Fu).
Au-delà de ces aspects institutionnels, le projet peut être résumé à travers 3 grandes questions de recherche.
- Comment les ressources sociales varient-elles entre des groupes sociaux considérés dans différents contextes. Une seule catégorie sociale a-t-elle un monopole ? Y a-t-il des compensations entre capital social, culturel et économique ?
- Quels effets les ressources sociales en général, et celles liées aux réseaux en particulier, ont-elles sur un ensemble de variables allant de la participation sociale et politique aux attitudes et opinions sur le rôle de l’État et la manière de vivre ensemble ?
- Finalement, d’un point de vue institutionnel, comment les différents contextes interviennent-ils pour moduler les relations entre ressources sociales et variables dépendantes ? Ceci est particulièrement important au moment où nombre d’États se retirent du « Wellfare state », laissant porter un poids non négligeable aux ressources des individus eux-mêmes.
Bien sûr, ce projet international regroupe de nombreuses préoccupations de nos recherches suisses, à commencer par celles développées dans le cadre de LIVES où la question des réseaux a été centrale aussi bien pour l’étude de l’accès à l’emploi (projet coordonné notamment par Rafael Lalive et Daniel Oesch) que du fonctionnement familial (Jacques-Antoine Gauthier et Eric Widmer). Mais un des enjeux les plus fascinants est peut-être de développer un outil qui soit aussi pertinent dans un contexte comme la Chine ou la Suisse. Et il n’est pas exclu, in fine, de retrouver davantage de similitude que l’on eût pu le supposer a priori !
Dominique Joye, vice-doyen pour la recherche