Ce projet porte sur l’efficacité de la thérapie de couple. Mené par Joëlle Darwiche (IP, UNIL), Yves de Roten (DP-CHUV), Jean-Nicolas Despland (DP-CHUV) et Nicolas Favez (FAPSE), il démarrera à l’automne 2015 grâce à un financement du FNS pour une durée de 4 ans.
L’efficacité de la psychothérapie de couple a été largement démontrée pour réduire la détresse conjugale et la symptomatologie individuelle. Pour les couples de parents, l’impact de ces thérapies peut se mesurer sur la relation conjugale mais aussi sur ce que l’on nomme la relation coparentale. Cette relation se rapporte à la coordination entre les partenaires dans leur rôle de parents. Elle se caractérise par des dynamiques positives, comme le soutien mutuel, la chaleur et la coopération, et des dynamiques négatives, comme le manque de coordination, la compétition ou encore la disqualification de l’autre. Les données montrent que le conflit coparental a des répercussions négatives importantes sur le développement socio-émotionnel des enfants (p.ex. problèmes externalisés, difficultés d’ajustement avec les pairs, anxiété élevée).
Ces connaissances, issues des recherches développementales sur la coparentalité, peuvent aujourd’hui être précieuses pour la recherche en psychothérapie: à la fois comme cible d’intervention dans le travail thérapeutique avec les couples de parents, mais aussi comme variable permettant d’évaluer l’efficacité de ces thérapies, ce qui n’a que rarement été fait jusqu’ici.
Ce projet, intitulé « Efficacy of an Integrative Brief Systemic Intervention combining therapeutic work on marital and coparenting relationships: A randomized controlled trial », vise ainsi à évaluer l’efficacité d’un modèle d’intervention brève destiné aux couples de parents (Intervention Systémique Brève Intégrative). Celui-ci intègre un travail sur les dimensions conjugales et coparentales, en engageant le couple dès le début et tout au long de la thérapie non seulement comme « homme et femme » mais aussi comme « père et mère ».
D’un point de vue pratique, un échantillon de 100 couples sera recruté et réparti aléatoirement pour une prise en charge selon le modèle cité ou dans une condition contrôle (traitement de couple standard). Pour évaluer l’efficacité des traitements, des mesures seront prises avant et après la thérapie, et lors de follow-ups à 6 et 12 mois. Plusieurs dimensions du fonctionnement individuel et familial seront évaluées, par le biais de questionnaires et de situations d’observation des interactions.
La réalisation de cette étude suppose l’implication de nombreux professionnels sur le terrain : elle doit s’ajuster aux réalités et au rythme de leur travail clinique, ce qui l’éloigne d’une recherche « de laboratoire ». Elle vise ainsi à réduire le décalage entre recherche et clinique, très souvent décrié dans le champ de la psychothérapie.
Finalement, ces résultats permettront, outre l’évaluation de l’efficacité du modèle proposé, de proposer aux professionnels un modèle de prise en charge bénéficiant d’une validation empirique.
Joëlle Darwiche, professeure associée en PTC (IP, UNIL)