Camille Vorger

Maître d’enseignement et de recherche (Lettres / EFLE)
Lauréate de la décharge Tremplin (2018)

« Mes recherches portent sur ce que j’appelle la « poésie vive », c’est-à-dire sur les poésies scéniques contemporaines (slam, rap, chanson) ainsi que sur les ateliers d’écriture et d’oralité qu’animent ces nouvelles et nouveaux poètes nomades. »

 

En quelques mots, en quoi consistent vos recherches à l’UNIL ?

Mes recherches portent sur ce que j’appelle la « poésie vive », c’est-à-dire sur les poésies scéniques contemporaines (slam, rap, chanson) ainsi que sur les ateliers d’écriture et d’oralité qu’animent ces nouveaux poètes nomades. Elles s’intéressent plus spécifiquement aux diverses formes de créativité qui émergent dans ce contexte et aux enjeux didactiques qui en découlent : comment tirer profit de ces ateliers de poésie live pour libérer l’expression orale et écrite (en interrogeant les allers-retours entre les deux), pour travailler la performance orale dans sa globalité et sa complexité ? Quelles sont les nouvelles formes d’expression qui se trouvent stimulées dans ce contexte  d’une performance littéralement im-médiate et répondant à une double exigence d’efficacité et de concision ? Quels sont les liens entre les performances artistiques et les pratiques académiques du type « Ma thèse en 180 secondes » qui se trouvent depuis peu remises au goût du jour ?

Après avoir exploré la créativité lexicale et phraséologique dont regorgent ces nouvelles formes de poésie (néologismes, phraséologismes, etc.), j’explore désormais la créativité multimodale (mimiques, gestes, postures) qui est aussi à l’œuvre dans ces performances. Dans une perspective didactique, j’aimerais donc interroger le rôle du corps dans l’apprendre (à prendre) la parole. En effet, ces nouveaux poètes, à l’instar des aèdes, s’efforcent d’apprendre leurs textes « par corps » : elles et ils les mémorisent de façon à libérer leurs gestes et leurs postures scéniques. Le geste intervient donc tout au long du processus : depuis l’écriture jusqu’à la performance ou Actio dans l’ancienne rhétorique, en passant par la Memoria. À l’heure où les concours d’éloquence se multiplient à tous les niveaux de la scolarité, comment mobiliser les postures et gestes des étudiant·e·s et apprenant·e·s de tous âges, notamment dans le domaine du Français langue étrangère et seconde, pour qu’ils puissent favoriser l’apprentissage d’une langue-corps qui participe à l’acculturation ?

Que comptez-vous réaliser durant la période de décharge « Tremplin »?

Lors de ma période de décharge, je vais…

  • rédiger une Habilitation à Diriger des Recherches sur le sujet qui consistera en un essai formalisant la synthèse de mes travaux, orientée dans la perspective de l’éloquence (« Quand les mots dansent : du slam à l’éloquence », titre provisoire, garante : C. Moïse, Université Grenoble-Alpes/UGA) ;
  • participer à plusieurs séminaires réguliers du laboratoire LIDILEM (UGA) sur ces sujets : écriture et voix ; pédagogies multimodales ;
  • organiser un colloque ou une journée d’études à l’UNIL sur l’apprendre par corps, dans la continuité de mon intervention à l’Université d’Aix-Marseille (le 24 mai prochain) et à l’Université d’Athènes/Institut français d’Athènes (« Jongler avec les mots. Quand le slam s’invite en cours de FLES », conférence, et « Slam en corps », atelier, les 31 mai et 1er juin prochains) ;
  • développer une réflexion sur la mise en mots et en gestes des biographies langagières d’étudiant·e·s plurilingues, dans la perspective du colloque LIDILEM/ACEDLE en novembre prochain : « Donner corps et voix aux langues en soi » (projet de communication basé sur un corpus – en cours d’élaboration – de séquences vidéos d’étudiant·e·s qui présentent oralement leurs biographies langagières en s’appuyant sur des gestes iconiques, métaphoriques, phatiques, etc.) ;
  • concevoir et préparer un nouveau cours/atelier sur « Gestes et paroles : allers-retours » à l’EFLE, permettant d’aborder la dimension multimodale de la communication, en réfléchissant à la transposition didactique des ateliers et concours d’éloquence à ce contexte spécifique du Français langue étrangère et seconde ;
  • multiplier les terrains d’observation (ateliers d’éloquence dans les établissements scolaires), en Suisse et en France, en vue de préparer un opus à visée didactique sur le sujet.