Saint-Maire, chronique d’une mue bien pensée

Publié par l’État de Vaud, un beau livre documente la rénovation et restauration du célèbre château lausannois. Instructif et passionnant.

Avec son plan carré et ses murs massifs, c’est une forteresse digne des plus belles illustrations de livres pour enfants. Et un bâtiment clé de l’identité lausannoise. Achevé en 1431, le Château Saint-Maire n’a cessé depuis d’incarner le pouvoir régional. D’abord celui des évêques qui l’ont fait construire, puis celui des baillis bernois, enfin celui du Conseil d’État qui s’y est installé à la fin du XVIIIe siècle.

Si sa puissance symbolique est restée intacte au fil des siècles, son architecture et sa structure ont inévitablement subi l’outrage des ans. D’ambitieux travaux de conservation et restauration ont donc été planifiés. Qualifiés de «centenaires», commencés en 2015, ils ont duré vingt-huit mois et coûté 23 millions de francs. Le Château a rouvert ses portes le 14 avril 2018, révélant un bâtiment repensé de fond en comble, avec la pose d’un ascenseur, la création d’une salle vitrée sous la toiture, l’aménagement d’une salle de presse et d’une cafétéria dans les caves.

Aucune altération majeure
Destiné à un large public, un ouvrage richement illustré rend compte de cette métamorphose. Publié par l’Etat de Vaud et dirigé par le SIPaL (Service immeubles, patrimoine et logistique), il évoque les contributions des différents intervenants et réunit les textes d’une quinzaine d’auteurs. Expert fédéral, Bernard Zumthor commence par évoquer une sorte de miracle. Il souligne que, en dépit des nombreuses adaptations de ses équipements, le Château Saint-Maire «n’a connu aucune altération majeure» et que «cela a permis aux architectes et conservateurs (…) de rendre au lieu la véracité de son “génie”.» Dans la foulée, le spécialiste rappelle les maîtres-mots de la conservation du patrimoine: intervention minimale et réversibilité.

Dans une partie plus historique, Bruno Corthésy se penche ensuite sur l’iconographie du Château. Il nous révèle que la plus vieille image qui en a été conservée, un dessin peu soucieux de réalisme, a été réalisé entre 1550 et 1580. Les photographies les plus anciennes datent, elles, «de 1855 environ, soit seulement quelques années après l’invention de cette technique». Les architectes Christophe Amsler, Nicolas Delachaux et Danilo Mondada prennent à leur tour la parole pour évoquer leur démarche et constatent: «Il y a une telle sagesse dans la simplicité du plan originel de Saint-Maire, que l’accueil des fonctions nouvelles s’y est toujours fait sans forçage.»

Château Saint-Maire, Lausanne, XIVe-XXIe siècle.
Edité par l’État de Vaud (2019), 208 p.

Laisser un commentaire