Non mais à l’eau quoi !

La rivière au fil du temps. Par Jean-François Rubin et Laureline Pop. Éditions Rossolis (2018), 264 p.

Le poète parle de l’onde pure, du doux murmure de l’eau sur les galets. Le paysan la bénit lorsqu’elle abreuve ses troupeaux et la maudit lorsqu’elle inonde ses champs. Le biologiste la désigne comme hot-spot de biodiversité, le chimiste…». La rivière évoque des milliers d’histoires, selon la discipline par laquelle elle est analysée. Et de l’histoire, c’est bien de cela que parlent Jean-François Rubin, privat-docent au Département d’écologie et évolution et directeur de la Maison de la Rivière et Laureline Pop, assistante diplômée et chargée de cours à l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité.

Au fil… des os
Dans leur récent ouvrage La rivière au fil de l’eau et du temps, les deux passionnés nous font suivre le cours de son passé le plus lointain jusqu’à son présent le plus proche. Richement illustrée et documentée, cette «encyclopédie» ne s’intéresse pourtant pas qu’à l’élément liquide. S’il est évidemment question de plantes aquatiques, de poissons et autres animaux lacustres, les auteurs abordent l’impact de l’homme, des glaciers, de l’écologie et de la biodiversité. C’est aussi l’occasion d’évoquer des êtres totalement disparus qui ont bien vécu ou sont passés sur ou près des berges du Léman. Par exemple le mammouth, dont la défense gauche d’un individu fut découverte en 1857 à la gravière de la Caroline, à l’embouchure du Boiron, lors de la construction du chemin de fer. DT


Aymon de Montfalcon. Mécène, prince et évêque de Lausanne (1443-1517). Édité par Bernard Andenmatten, Dave Lüthi, Jean-Claude Mühlethaler et Brigitte Pradervand. Études de lettres no 308 (2018), 336 p. unil.ch/edl

Les mille vies de l’évêque

Poète, bâtisseur, évêque, mécène et diplomate, Aymon de Montfalcon (1443-1517) eu une vie hors du commun (lire Allez savoir! 68, janvier 2018). Ambassadeur au service de la Maison des Savoie, il imprima sa marque au Château Saint-Maire et à la cathédrale de Lausanne, deux bâtiments qu’il fit (beaucoup) réaménager.

Cet homme d’Église contribua à faire entrer la Renaissance dans le Pays de Vaud. Il n’est donc pas étonnant de devoir recourir à l’histoire, à l’histoire de l’art et de l’architecture, ainsi qu’à la littérature pour cerner ce personnage. Né justement d’un colloque multidisciplinaire qui s’est tenu en été 2017, ce bel ouvrage collectif mêle les approches afin de dresser un portrait d’Aymon et de retracer sa carrière. DS

Aymon de Montfalcon. Mécène, prince et évêque de Lausanne (1443-1517). Édité par Bernard Andenmatten, Dave Lüthi, Jean-Claude Mühlethaler et Brigitte Pradervand. Études de lettres no 308 (2018), 336 p.


Jeanne Huc-Mazelet, Je suis moi, ils sont eux.
Éd. par Danièle Tosato-Rigo, Denise Francillon et Geneviève Heller. Ethno-Doc / Éditions d’en bas (2018), 256 p.

Dans la cour des grands

«Quoiqu’à la cour je sois une vraie campagnarde, les beaux jours que je passe ici me rappellent ceux où j’allais à Tolochenaz ou à Lully.»

Datée du 28 mai 1791, et envoyée depuis Saint-Pétersbourg, cette phrase est tirée d’une lettre de Jeanne Huc-Mazelet à ses parents. La jeune femme était alors gouvernante de Marie Pavlovna, petite-fille de Catherine II. Cela signifiait accompagner sa «Princesse», du lever au coucher, lui faire la conversation (en français), assister à ses leçons, jouer ou manger avec elle.

Cette mission pédagogique, assurée pendant quatorze ans, a débouché sur une amitié durable. Cet ouvrage présente et met en contexte une partie de la correspondance et du journal de Jeanne Huc-Mazelet, qui, issue d’un milieu protestant simple, évolue dans le faste impérial. Une expérience parfois dure, teintée de mal du pays, mais qui a permis à la Morgienne de réaliser son émancipation économique.

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