Les vraies images de nos ancêtres les Gaulois

Des Alpes au Léman. Images de la préhistoire», Infolio 2008

Les dessins d’Astérix, si drôles, si efficaces, mais aussi imprécis du point de vue historique, ont façonné notre représentation du monde gaulois. Pour contrebalancer cette projection imaginaire, voici deux images qui montrent comment les archéologues d’aujourd’hui se représentent «nos ancêtres les Gaulois». Explications et commentaire de Gilbert Kaenel.

La bataille d’Octodure, hiver 57 av. J.-C.

Cette scène se déroule en hiver 57 av. J.-C., non loin de l’actuelle ville de Martigny (VS). Elle représente un épisode historique, raconté par Jules César dans sa «Guerre des Gaules». Le camp romain, que l’on découvre au centre de l’image, est celui de Galba, le légat de César, qui tente de forcer le col du Saint-Bernard pour ouvrir le passage vers l’Italie du Nord. Il est attaqué par différents peuples celtes du Valais, notamment des Sédunes et des Véragres. Venus des hauteurs, des milliers de guerriers gaulois vont forcer les légionnaires romains à se replier vers Genève.

Sur cette représentation, on découvre les guerriers gaulois avec leur équipement traditionnel. Contrairement à Astérix, petit et armé de l’épée courte qui caractérise habituellement les Romains, les vrais Gaulois étaient des combattants de grande taille, armés d’une longue épée (entre 90 cm et 1 mètre), qu’ils portaient sur le côté droit. Ils disposaient encore d’une lance, de 2-3 mètres de long (que l’on ne voit jamais chez Goscinny et Uderzo). Et ils se dissimulaient derrière un grand bouclier ovale avec, en son centre, une protection appelée l’umbo.

Pour se donner du courage, et effrayer les Romains, les bardes jouaient du carnyx, cette fameuse trompe de guerre. On remarquera encore les habits gaulois, en tissus écossais, et leur cote de maille, très fréquente dans la réalité mais oubliée dans Astérix.

Détail qui surprendra les fans de la BD, les vrais guerriers gaulois portent un casque très proche de celui des Romains. Les couvre-chefs décorés de cornes, d’ailes ou de symboles divers que l’on voit dans Astérix avaient été abandonnés par les vrais Celtes depuis des décennies.

Une scène religieuse au port de Genève, vers 100 av. J.-C.

Sur cette image, le port de Genève, tel qu’il apparaissait probablement vers 100 av. J.-C. On découvre un ponton qui s’avance dans le lac, et qui permet de charger les marchandises sur des barques qui vont naviguer sur le lac Léman. Elles permettront de faire des échanges dans les cités voisines de Nyon ou Lausanne. Ce qu’on oublie en lisant Astérix, où les Gaulois se déplacent à pied, en chariot ou à cheval, c’est qu’il y avait aussi énormément de trafic sur les fleuves, rappelle Gilbert Kaenel. Le milieu humide était utilisé pour déplacer de grosses marchandises.

Sur cette représentation d’artiste, on voit encore la statue de Genève, cette grande figure de bois ornée d’un torque. On imagine que les Gaulois exposaient des trophées sur cette statue géante, ou à proximité, des offrandes telles que de l’armement ou des têtes coupées, ce qui était une pratique rituelle chez les Gaulois, y compris dans nos régions, comme l’ont encore prouvé récemment les fouilles sur le site du Mormont, près d’Eclépens / La Sarraz (VD). A qui appartenaient les crânes? C’étaient peut-être des têtes d’ennemis, ou celles d’ancêtres vénérés, ou encore celles de personnes sacrifiées, une pratique attestée dans le monde gaulois, y compris chez les Allobroges de Genève ou les Helvètes du plateau suisse.

On voit encore sur cette image un homme occupé à détruire symboliquement l’objet offert à la divinité. Cette pratique rituelle est désormais bien connue des archéologues. Les Gaulois faisaient ainsi des offrandes à leurs dieux en rendant les objets inutilisables, avant de les exposer en hauteur, jusqu’à ce que les attaches qui les maintenaient en l’air se rompent et que l’objet tombe.

Un dernier mot sur le décor. La périphérie de Genève devait ressembler à ces paysages ouverts, agricoles, cultivés. Une vision très éloignée de l’image du petit village perdu dans une grande forêt, à laquelle nous ont habitués les albums d’Astérix.

Jocelyn Rochat

2 Comments on “Les vraies images de nos ancêtres les Gaulois”

  1. Ou peut on trouver cette image ? Mon fils en aurait besoin pour faire un exposé pour l’ école. Merci

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