La Santé publique sous observation

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Les besoins en santé de la population ne se laissent pas réduire à quelques idées simples, loin de là. L’Institut universitaire de médecine sociale et préventive propose plusieurs formations continues aux professionnels. Elles fournissent les outils nécessaires pour déchiffrer ce domaine complexe.

Maladies chroniques, hausse des primes, vaccination, industrie pharmaceutique, sédentarité, OMS, prix des cigarettes, caisse unique, prévention, vieillissement… Le nombre de termes associés à la Santé publique donne le vertige. Afin d’y voir clair, l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP), rattaché à l’UNIL et au CHUV, offre plusieurs formations continues.

Deux d’entre elles sont détaillées ici. Il s’agit de Certificates of Advanced Studies (CAS), concentrés sur un semestre. Chacun d’entre eux compte 15 crédits ECTS, ce qui représente 375 à 450 heures de travail. L’un des cursus porte sur la Santé publique (lire ci-dessous), l’autre traite de l’économie et des politiques de la santé.

Directeur académique de ce dernier et professeur associé à l’IUMSP, Joachim Marti indique qu’en Suisse, «le système de santé est très complexe, notamment en raison de sa fragmentation et du grand nombre d’acteurs publics et privés impliqués. Pour les professionnels, il est essentiel de mieux le comprendre avant de pouvoir l’améliorer, chacun à son niveau.»

Composé de huit modules, le CAS explore en détail les aspects organisationnels, économiques, juridiques et politiques des systèmes de santé. «Les personnes que l’on appelle patients dans le monde médical deviennent ici des agents, ce qui constitue un choc culturel pour certains participants au cours», note Barbara Imsand, cheffe de l’Unité des formations en Santé publique de l’IUMSP. Un passage obligé toutefois, lorsque l’on parle de monopole, de concurrence ou d’offre et de demande.

La Suisse et le monde
Issus de différents horizons, les intervenants exposent bien entendu les cas des cantons romands et de la Suisse, mais n’oublient pas de les replacer dans une perspective internationale. «Pour notre pays, les dépenses de santé atteignent 12% du PIB, ce qui nous place très haut dans le classement mondial. Nous avons beaucoup à apprendre d’autres systèmes», relève Joachim Marti. L’un des modules présente justement l’analyse comparative des performances des différents systèmes de santé.

L’évaluation des technologies employées dans le domaine médical, ce que les spécialistes appellent Health Technology Assessment, fait partie du cursus. Par exemple, cela consiste à analyser le rapport coût-utilité ou coût-bénéfice d’un nouveau traitement. «Les participants au cours reçoivent les outils qui leur permettent de comprendre les méthodes utilisées et de percevoir leurs limites», complète Joachim Marti. Le droit de la Santé et celui des assurances sociales figurent également au programme.

Enseignement hybride
Dès 2019, le module «?Organisation et financement des systèmes de santé?» va être donné sous forme hybride. En ligne, grâce à des vidéos enrichies d’infographies, des entretiens et des quizz, les personnes en formation se prépareront à l’avance. Cette acquisition des notions fondamentales théoriques permettra ensuite, en présentiel, d’approfondir les questions de manière plus détaillée avec les enseignants, experts du domaine.

Sur le plan pédagogique justement, le CAS en économie et politiques de la santé tout comme celui en Santé publique mettent l’accent sur les travaux de groupe (au sein desquels les corporations sont mélangées) et les interactions entre les intervenants et les participants. Ces derniers, âgés en moyenne d’une petite quarantaine d’années, possèdent des profils très variés, puisque l’on rencontre aussi bien des infirmiers, des médecins, des dentistes et des pharmaciens que des professionnels des assurances-maladie ou de l’industrie pharmaceutique. L’occasion de se constituer un réseau précieux – et de débattre des questions d’actualité.

Cursus dense
Sur le plan pratique, les personnes intéressées par les CAS sont admises sur dossier et doivent posséder une expérience professionnelle pertinente d’au moins trois ans.

Donnés à Epalinges, en français, les cours ont en principe lieu deux jours par semaine (lundi et mardi pour «Santé publique», jeudi et vendredi pour «économie et politiques de la Santé»).

Ces deux cursus sont concentrés sur un semestre, «de manière volontaire, explique Barbara Imsand. Même si les participants ont l’impression d’avoir la tête dans le guidon pendant cinq mois, ils apprécient pour la plupart de pouvoir terminer rapidement.» Ce dispositif facilite aussi la cohabitation de la formation et de l’activité professionnelle, menées le plus souvent en parallèle.

L’obtention de l’un des Certificates of Advanced Studies concoctés par l’IUMSP constitue parfois une condition pour accéder à un poste supérieur. «J’ai plusieurs exemples de personnes qui ont progressé dans leur carrière, une fois diplômées», note Barbara Imsand. «Le bagage acquis leur donne une crédibilité supplémentaire, que ce soit pour obtenir des responsabilités ou pour traiter avec d’autres acteurs de la Santé publique», enchérit Joachim Marti.

En prime, pour les personnes qui en remplissent les conditions, ces formations fournissent une partie des briques du Master of Advanced Studies en Sciences et organisation de la Santé (MAS), proposé par l’IUMSP. D’une durée de trois à six semestres, ce dernier se compose en effet de trois CAS et se conclut par la rédaction d’un mémoire, soit un total de 60 crédits ECTS.

Pour les deux formations présentées ici, la prochaine volée commence son parcours en février 2019. Le délai d’inscription est fixé au 15 décembre de cette année.

Renseignements: formations.sante@chuv.ch et iumsp.ch/formation.
Soirée d’information le 9 octobre à 18h30 au CHUV (Jéquier Doge)

Offre de formation

Santé publique

«De manière schématique, la santé peut être vue de deux manières. D’un côté, les soins, qui sont du ressort des médecins. De l’autre, le maintien et la promotion de la santé, qui sont placés sous la responsabilité de différents professionnels, principalement hors du milieu médical», image Pascal Bovet, directeur académique du Certificate of Advanced Studies en Santé publique et médecin adjoint à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP).

Ce dernier prend l’exemple du tabac. Pour que la population reste en forme, il faudrait qu’elle fume moins. Comment faire? Qui s’en occupe? Avec quels moyens, pour quelle efficacité? Qu’est-ce qui marche le mieux: de fortes taxes, de l’information ou des interdictions, ou les trois, et à quelle dose? Il est évident que ces questions de Santé publique, qui touchent tout le monde, impliquent beaucoup d’acteurs et d’organisations. La formation pilotée par Pascal Bovet permet justement d’éclairer le tableau.

Le territoire couvert par le CAS est vaste. «Des maladies chroniques comme le diabète et les maladies cardiovasculaires peuvent être largement évitées par des mesures de prévention simples et bien connues. Ainsi, on pourrait dégager des moyens colossaux pour prendre en charge les maladies difficiles à prévenir ou à traiter, comme la maladie d’Alzheimer par exemple», explique Pascal Bovet.

Bien d’autres aspects sont traités dans la formation, composée de quatre modules concentrés sur un semestre. Comme par exemple le dépistage, la mesure de l’état de santé d’une population, les enjeux des maladies infectieuses (et donc de la vaccination), la santé au travail (pollution, bruit, etc.), les toxicomanies, la sexualité ou encore le vieillissement de la population, parmi d’autres. Les enjeux récents de la génomique et de la médecine personnalisée font également partie du cursus. «Mais s’il est bien sûr nécessaire de mener des recherches dans ces domaines hautement techniques, la mise en place de mesures simples comme des pistes cyclables et des espaces verts incitant à bouger le sont tout aussi!», note Pascal Bovet. Ce n’est certes pas très «sexy», mais de telles mesures de Santé publique sont et restent au cœur de la promotion de la santé.

Les profils des participants reflètent la diversité des sujets traités. Si l’on rencontre des infirmiers et des médecins qui souhaitent étendre leurs compétences à la prévention, la formation intéresse également des employés de l’administration publique, d’hôpitaux et de cliniques, d’entreprises pharmaceutiques ou d’assurances-maladie, ainsi que des chercheurs ou des juristes. Tout comme le CAS en économie et politiques de la Santé, présenté ci-dessus, le CAS en Santé publique constitue l’un des piliers du Master of Advanced Studies en Sciences et organisation de la Santé.

Renseignements: formations.sante@chuv.ch et iumsp.ch/formation.
Soirée d’information le 9 octobre à 18h30 au CHUV (Jéquier Doge)

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