Antiquité, calcul et hasard

En première ligne, avec les guerriers de la Grèce antique

Dans cet ouvrage, fruit de 50 ans de travaux et de réflexions, Pierre Ducrey nous emmène sur les champs de bataille, au sommet des remparts et à bord des navires de guerre de la Grèce antique. Dans la peau d’un fantassin, le lecteur s’imagine alors les rites qui précèdent la bataille, comme les sacrifices d’animaux ou les chants. Puis, au son des flûtes, il se tient face à ses adversaires armés de lances et de boucliers décorés d’images effrayantes. Après la bataille, qui commence par un choc frontal entre les troupes, le vaincu demande une trêve pour relever ses morts, une pratique dont on trouve un exemple dans L’Iliade.

Le souci de fortifier les villes est bien présent dans la Grèce antique. En effet, une cité prise de force peut voir ses défenseurs masculins massacrés, tandis que les femmes et les enfants sont capturés et emmenés, s’ils n’ont pas été évacués avant le siège.

La place des femmes
En s’appuyant sur la recherche, l’auteur (professeur honoraire et ancien recteur de l’UNIL) traite de nombreux sujets, comme la place des femmes, la religion, l’équipement des soldats (avec un chapitre intéressant sur la fronde, arme méprisée mais redoutable), la piraterie, le mercenariat ou le sort des vaincus. Ce volet nuance l’image de cruauté que nous possédons parfois. Enfin, loin de se cantonner à l’Antiquité, le texte effectue des allers-retours avec certains conflits contemporains.

Polemica. Études sur la guerre et les armées dans la Grèce ancienne. Par Pierre Ducrey, édité par Sylvain Fachard. Belles Lettres (2018), 553 p.

À la rencontre des pionniers du calcul écrit

C’est à une promenade originale que nous convient deux mathématiciens, Jérôme Gavin (enseignant au Collège Voltaire) et Alain Schärlig (professeur honoraire de l’UNIL). En chemin, nous rencontrons sept personnages peu connus mais importants, puisqu’ils ont développé le calcul écrit en Europe entre le VIIIe et le XVIe siècle.

Il n’est pas possible d’effectuer la moindre opération avec des chiffres romains, qui régnaient alors en maîtres. Léonard de Pise (v.1170–v.1250) fut parmi les pionniers de la diffusion d’une innovation orientale majeure sur le Vieux-Continent, les chiffres arabes. Même si, en réalité, ces derniers sont indiens (à ce sujet, lire Allez savoir! 59, janvier 2015). Hélas, leur diffusion s’est déroulée à un train de sénateur muni de béquilles, malgré les efforts des «7 pères» choisis par les auteurs.

Sept pères du calcul écrit. Des chiffres romains aux chiffres arabes. Par Jérôme Gavin et Alain Schärlig.
Presses polytechniques et universitaires romandes (2018), 146 p.

Le hasard sort de sa cachette

Dans cet ouvrage, François Rothen chorégraphie la valse du hasard et de la nécessité. Professeur honoraire de l’UNIL, l’auteur rappelle l’histoire du déterminisme, qui a mené la danse jusqu’au XIXe siècle. Au tournant du XXe siècle, la physique moderne entre en piste et de nouvelles perspectives se présentent. Ce livre nous fait voyager du cœur des atomes aux profondeurs des étoiles, portés par des questions aussi fondamentales que «le hasard a-t-il sa part dans les lois de la nature?» ou «notre existence était-elle prévue?».

Doté d’un glossaire et agrémenté d’encadrés, ce texte s’avère très accessible. Il nous propose au passage un bon cours de physique, tout en nous faisant rencontrer des personnages étonnants comme le mathématicien Louis de Broglie (1892-1987).

Aléa. Les métamorphoses du hasard. Par François Rothen.
Presses polytechniques et universitaires romandes (2019), 294 p.

Laisser un commentaire