La richesse des nations

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Yverdon : [F.-B. de Félice], 1781, 6 tomes
AZ 8708

Contrefaçon yverdonnoise de l’édition originale de la traduction française de cet ouvrage fondateur du père des sciences économiques modernes, parue à La Haye de 1779 à 1779.

Essai sur la secte des illuminés

Jean-Pierre-Louis de Luchet, Essai sur la secte des illuminés, Londres : [s. n.] 1789
AZ 8392

L’adresse de Londres est fictive. Cette édition sort en fait des presses lausannoises d’Abraham-Louis Tarin, identifiable à son matériel typographique, probablement pour le compte du libraire-éditeur François Grasset.

Une rarissime édition du traité « Della tirannide » de Vittorio Alfieri

Vittorio Alfieri, Della tirannide, Torino [i. e Paris?] : Della Stamperia filantropica [Giovanni Claudio Molini?], anno IX (1800)
AZ 8369

Ecrivain et philosophe issu de la vieille noblesse piémontaise, Vittorio Alfieri (1749-1803) rédigea le livre Della tirannide à Sienne en 1777 et à Paris en 1787. Publié contre son gré à Paris en 1789, ce livre condamne toute forme de tyrannie, y compris la monarchie parlementaire chère à Montesquieu (et plus largement à toute une frange des Lumières).

Le statut de cette édition, parue de toute évidence sous une adresse fictive, n’est pas établi ; il pourrait s’agir de la contrefaçon réalisée par le libraire Molini sur un exemplaire volé de l’édition originale de 1789, dont la plupart des exemplaires ont été saisis par les sans-culottes lors du sac de l’appartement d’Alfieri en 1792, contrefaçon dénoncée par l’auteur par voie de presse.

Un livre érotique imprimé à Lausanne en 1788

François-Amédée Doppet, Aphrodisiaque externe, ou Traité du fouet et de ses effets sur le physique de l’amour : ouvrage médico-philosophique ; suivi d’une dissertation sur les moyens capables d’exciter aux plaisirs de l’amour, [S. l.] : [s. n.], 1788
AZ 8362

François-Amédée Doppet, fils d’un fabricant de cire de Chambéry est né dans cette ville en 1753. En 1771, il s’enrôle dans un régiment de cavalerie, d’où il passe dans les Gardes-françaises. Il sert trois ans dans l’armée, avant d’entreprendre des études de médecine à Turin, au terme desquelles il est reçu docteur en médecine. De retour à Chambéry, il tente sans succès de s’attirer les bonnes grâces de la Cour de Savoie. Ne parvenant pas à ses fins, il décide de voyager, parcourt la Suisse et s’établit à Paris. C’est probablement durant un séjour à Lausanne que, sous couvert de son statut de médecin, il publia le Traité du fouet, ouvrage où il est question :

  • Du fouet et de ses effets sur le physique de l’amour ;
  • Des causes par lesquelles les flagellations excitent à l’amour ;
  • De quelques erreurs qu’il serait utile de détruire principalement dans les couvents ;
  • De la nécessité de changer les peines qu’on inflige à l’enfance et à la jeunesse.

On y trouve également un catalogue des substances aphrodisiaques.

Edition sortie des presses lausannoises d’Henri Vincent, identifiable à son matériel typographique (Pascal Delvaux, étude en cours). On connaît très peu de livres érotiques imprimés à Lausanne sous l’Ancien régime.

Un mytérieux message codé?

Jean-Philippe de Loys de Cheseaux, Traité de la comète qui a paru en décembre 1743 et en janvier, février et mars 1744 : contenant outre les observations de l’auteur, celles qui ont été faites à Paris par Mr. Cassini et à Genève par Mr. Calandrini, A Lausanne et à Genève : chez Marc-Michel Bousquet & Cie, 1744
AZ 8626

Exemplaire enrichi d’un envoi de Loys de Cheseaux à sa soeur, « Madame de Chandieu Veuillens » [i.e Vulliens?], sous forme d’une lettre reliée à la suite du titre contenant un poème de six vers dont les initiales de chaque mot forment apparemment un message chiffré ; la clé de ce message n’a pas pu être trouvée.




Un réquisitoire contre la peine de mort

Edizione ultima dell’ anno MDCCLXIX, coll’aggiunta del Commentario alla detta opera del Signor di Voltaire, tradotta da celebre autore, A Lausanna : a richiesta universale, [1769]
AZ 8622

La parution, en 1764 à Livourne sous l’adresse fictive de Lausanne, de l’édition originale italienne du Traité des délits et des peines de Beccaria a connu un très grand retentissement dans l’Europe des lumières. Ce livre, où se trouve développée la toute première argumentation contre la peine de mort, est généralement considéré comme le fondement du droit pénal moderne. On ignore les raisons de l’utilisation, par Beccaria ou son imprimeur Giuseppe Aubert, de l’adresse de « Lausanne », adresse sous laquelle paraîtra également en 1766 la première traduction française de l’ouvrage, due à l’abbé Morellet.

Cette édition de 1769 sort des presses de Giuseppe Aubert à Livourne. Dotée d’un frontispice allégorique non signé dénonçant l’application de la peine de mort, elle contient la traduction italienne du Commentaire sur le Traité des délits et des peines de Voltaire.

Un violent pamphlet contre le Mariage de Figaro

Antoine-Joseph Gorsas, L’âne promeneur, ou Critès promené par son âne. Seconde édition revue, corrigée & précédée d’une préface à la mosaïque dans le plus nouveau goût, A Pampelune : chez Démocrite : Falot Momus, 1786
AZ 8716

Contrefaçon de l’édition originale parisienne, imprimée à Lausanne par Henri Vincent, identifiable à son matériel typographique (Pascal Delvaux, étude en cours) ; elle reprend l’adresse de « Pampelune » utilisée par le premier éditeur.

Cette satire assez violente, principalement dirigée contre Beaumarchais et Le Mariage de Figaro, comporte une foule d’allusions et de traits contre les personnalités et les modes de l’époque. Elle sera réimprimée en 1788, sous le titre Le Rabelais moderne.

La lettre sur la comète de Maupertuis

Pierre-Louis Moreau de Maupertuis, Lettre sur la comète, [Paris] : [s.n.], 1742
AZ 8491

Seconde édition, publiée la même année que la première, augmentée d’un frontispice gravé par Dheuffand (Guillaume d’Heuland) d’après Maugein représentant plusieurs orbites de comètes au sein du système solaire.

Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), philosophe, géomètre et astronome français, fut également un grand voyageur. Il se lia avec les Bernouilli, à Bâle, ainsi qu’avec La Condamine et Voltaire dont il devait faire un disciple enthousiaste du système de Newton.

«La comète observée le 2 mars 1742 à l’Observatoire de Paris fut pour lui l’occasion d’adresser à une dame une lettre où il rassemblait tout ce qui avait été dit de faux ou de vrai sur ces astres. Mais, loin de rassurer les hommes, il montre les ravages que les comètes pourraient causer dans l’univers par leur rencontre avec notre planète.» (Biographie générale, t. 34, p. 389)

Ex-libris gravé du mathématicien français Michel Chasles (1793-1880).

Amours de Sainfroid et d’Eulalie

Les amours de Sainfroid, jésuite, et d’Eulalie, fille dévote : histoire véritable, A La Haye : chez Isaac vander Kloot, 1743
AZ 8700

Contrefaçon publiée à Lausanne par Marc-Michel Bousquet sous le nom d’emprunt d’Isaac van der Kloot, décédé en 1741, chez qui a paru l’édition originale de ce texte en 1729.

Reliure signée Smeers (Isidore Smeers, relieur belge établi à Paris, décédé vers 1896) en maroquin rouge avec triple filet doré encadrant les plats, caissons décorés aux petits fers, dentelle intérieure, le tout à chaud, tranches dorées, gardes de papier fantaisie au peigne.

Marc-Michel Bousquet, l’un des éditeurs les plus actifs à Lausanne au XVIIIe siècle, a publié successivement trois éditions de ce best-seller de la littérature grivoise des Lumières, en 1743, 1748 et 1760. Seule l’édition de 1748 manque encore aux collections de la BCU Lausanne.