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Léxplore a le vent en poupe

Unique au monde, ce véritable laboratoire flottant basé au large de Pully fait parler de lui, par exemple à travers une récente recherche expliquant les fortes émissions de CO2 produites par le Léman.

Félix Imhof © UNIL

Marie-Elodie Perga (Félix Imhof © UNIL)

Léxplore a le vent en poupe

Unique au monde, ce véritable laboratoire flottant basé au large de Pully fait parler de lui, par exemple à travers une récente recherche expliquant les fortes émissions de CO2 produites par le Léman.

Cette plateforme de 100 m2, qui navigue au-dessus de 110 mètres de fond, a été inaugurée en février 2019. Elle a pu voir le jour grâce à un financement conjoint de l’UNIL, de l’EPFL, de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau (Eawag) et de l’UNIGE. Par tous les temps, 24 heures sur 24, les instruments qu’elle embarque mesurent le lac, récoltant de précieuses données météorologiques, physiques et chimiques. Une vraie prouesse dans un tel environnement. Pour y parvenir, il a fallu tout inventer :

« Comme à bord de la Station spatiale internationale, nous avançons avec un mélange de high tech et de bricolage ingénieux – nous avons heureusement la chance de disposer d’un excellent personnel technique. »

Marie-Elodie Perga, professeure en limnologie

À la clé, une base de données exceptionnelle qui suscite l’intérêt des chercheuses et chercheurs. Depuis le lancement de Léxplore, elles et ils ont été 197 à y travailler sur 11 projets débouchant sur 27 publications. Fin 2024, l’une d’entre elles s’est particulièrement fait remarquer. Grâce aux mesures d’une extrême finesse réalisées à bord de Léxplore, Marie-Elodie Perga et son équipe ont révélé pourquoi le Léman émet chaque année autant de CO2 que le transport automobile en ville de Lausanne. « Les données collectées sur Léxplore ces quatre dernières années nous ont permis de mettre en équations l’étape que tout le monde avait ratée », explique-t-elle. Et de trouver les fautives : des précipitations de calcite – un phénomène dont les conséquences sont visibles à l’œil nu, puisqu’il confère aux eaux du Léman une teinte émeraude laiteuse. Loin de concerner uniquement le plus grand lac alpin, il pourrait bien s’étendre à tous les grands lacs laurentiens des États-Unis et du Canada.

Un terrain d’étude flottant

Outre les scientifiques, Léxplore a aussi reçu quelque 600 étudiantes et étudiants de première année de bachelor ainsi que ceux de master. Ces derniers ont d’ailleurs l’occasion de camper sur la plateforme lors de leur stage de terrain. « Elles et ils ont pour mission d’observer la migration du zooplancton – un mouvement certes connu, mais dont les détails nous échappent encore », souligne Marie-Elodie Perga.

L’engouement pour cet outil de précision dépasse le monde scientifique. Si, dans un premier temps, riverains et usagers du lac l’ont accueilli fraîchement, Léxplore fait désormais partie du paysage. « C’est un magnifique support à la fois pour l’enseignement, la médiation et la sensibilisation », relève la chercheuse. Des visites publiques sont organisées régulièrement et ses données, accessibles via la plateforme Datalake, sont très appréciées des personnes qui naviguent, plongent ou s’intéressent simplement au Léman. 

Léxplore est, en outre, devenu une étape incontournable pour les enfants du Club nautique de Pully : « À chaque fois que c’est possible, nous prenons le temps de leur expliquer notre travail, voire de leur proposer de petites expériences », souligne-t-elle.

Ce premier chapitre de Léxplore doit s’achever en 2026. Chercheuses et chercheurs croisent les doigts pour pouvoir écrire le deuxième. Les perspectives ? « Développer le volet biologique. Cela permettrait d’aborder des questions plus écologiques, tel l’impact de la moule quagga. » – SUn