Depuis 1937, le doctorat honoris causa décerné à Benito Mussolini suscite des interrogations et des protestations. Aujourd’hui, l’UNIL joue la transparence, grâce à une grande exposition visible jusqu’à l’automne 2025. Installée dans le bâtiment Anthropole, cette dernière présente en détail les événements qui ont mené à la remise de ce titre, en la replaçant dans les circonstances d’alors. Le propos est élargi à d’autres passés sensibles, en lien avec des personnalités controversées. Qu’en pensent les visiteuses et les visiteurs ?
« La grande majorité des retours confirme l’importance de contextualiser les événements historiques et se prononce en faveur d’actions mémorielles, surtout dans un contexte qui tend aux résurgences et réactualisations de l’idéologie fasciste. »
Professeur Frédéric Herman, recteur de l’Université de Lausanne
Placée sous la responsabilité d’Olga Cantón Caro, du Service culture et médiation scientifique (SCMS), l’exposition « Docteur Mussolini. Un passé sensible » met bien sûr le doigt sur LA question : faut-il déchoir le dictateur italien de son doctorat honoris causa, dans l’espoir d’en finir une fois pour toutes ? Justement, la réponse demeure négative aux yeux de la Direction. Cela « permet de maintenir l’erreur du passé au cœur du débat public, soutient Frédéric Herman. Vu le contexte géopolitique actuel, je suis d’autant plus heureux que nous ayons décidé de ne pas retirer ce titre, car cela incite les gens à se poser des questions et, peut-être, à ouvrir les yeux sur les enjeux d’aujourd’hui. Je ne suis toutefois pas naïf, il faudra bien d’autres prises de position pour pouvoir réellement faire barrage aux idées fascisantes. »
Des portes vers l’avenir
L’exposition a ouvert en novembre 2024. Dans son sillage, le Recteur s’est notamment « plongé dans Reconnaître le fascisme d’Umberto Eco. Son point de vue nous rappelle l’importance des valeurs démocratiques, piliers de notre institution et de notre société. Cette lecture m’a incité à m’exprimer publiquement contre le fascisme dans mon blog, une prise de parole nécessaire face à la montée actuelle des extrémismes. »
« Docteur Mussolini. Un passé sensible » ainsi que les nombreux événements de médiation scientifique mis sur pied en parallèle par l’UNIL ouvrent des portes vers l’avenir. Les sensibilités vont encore se modifier dans le temps. À l’heure actuelle, le choix de la Direction est pleinement justifié par Frédéric Herman : « À nos yeux, le fait d’assumer ses erreurs est un plus, mais la question du retrait reste un sujet cyclique, qui réapparaîtra certainement à l’avenir. Je suis le premier Recteur à avoir condamné publiquement l’octroi de ce titre à Mussolini. Une future Direction sera peut-être amenée à se positionner différemment. Ce qui est crucial, pour moi, c’est de continuer à adopter une posture factuelle et nuancée. » – DS
« Docteur Mussolini. Un passé sensible »
UNIL-Chamberonne, Anthropole (niveau 1)
lu-ve 6h30-21h45, sa 6h30-18h
jusqu’au 21 septembre.
