Les épisodes d’un podcast se diffusent dans les oreilles. Par exemple, il est question de psychothérapies au cinéma. Sur un fond sonore composé de musiques, bruitages et extraits, la chercheuse Mireille Berton conte ce que l’angle de la caméra ose montrer à l’écran, ce que la thérapie divulgue des personnages et de leurs problèmes relationnels. Mais aussi ce que cela met en évidence de la curiosité de ceux qui, de l’autre côté de l’écran, se délectent de chaque mot, larme et respiration.

L’écoute du podcast permet de cuisiner en même temps ou de fuir la solitude d’un trajet en métro. Chaque épisode aborde une question différente, de la thématique biomédicale à l’histoire des sciences.

Quel intérêt pour le public ?

Pour pouvoir terminer dans le système auditif de l’auditeur ou de l’auditrice qui marche tranquillement vers son cours de yoga, il y a eu un long chemin. Une route qui a commencé par une petite question qui émerge dans l’esprit de la journaliste. « Mais en fait, ça dit quoi de nous lorsqu’on voit des psychothérapies au cinéma ? »

Des articles, des livres, des témoignages, tout est bon à prendre pour creuser la question. Le tout est de trouver quelque chose d’original, d’actuel et d’intérêt public. Lorsqu’un sujet intéressant est repéré, un courriel est envoyé à un ou une experte du sujet. « Êtes-vous disponible pour un appel ? » Une première discussion, non officielle, permet de tâter le terrain et de déterminer si, oui ou non, ceci est matériel pour un nouvel épisode.

De la question « bête » à la réponse riche

Si la réponse à cette question est positive, quelques jours plus tard une nouvelle discussion se fera à l’étroit, dans un petit studio d’enregistrement sur le campus de l’UNIL. La journaliste devra alors jongler avec plusieurs missions. Premièrement, gérer la technique des microphones pour éviter un son qui sature ou qui serait au contraire trop bas. Ensuite, mettre à l’aise l’intervenant ou l’intervenante qui, bien que connaissant le sujet sur le bout des doigts, ne saura pas forcément comment le communiquer. Et finalement, non sans importance, ne jamais perdre de vue la question initiale, certes innocente, mais primordiale. Son défi sera alors de laisser de côté ses connaissances amassées lors des lectures et prédiscussions, ainsi que son ego, afin d’oser poser les questions les plus bêtes qui permettront d’obtenir les réponses les plus riches. Puis réussir à pêcher cette richesse tout en évitant de se perdre dans une discussion interminable, même si la curiosité l’y invite.

Ciseler l’objet et le servir frais !

« Coupez ! » À la fin de l’enregistrement, la main est serrée, mais le travail de la journaliste n’est pas terminé : il faut maintenant sélectionner, couper, remanier, monter. Elle devra aussi effacer les défauts de prononciation, enregistrer une voix off qui liera le tout de manière fluide, et trouver les musiques et les bruitages les plus adaptés au ton de l’épisode. Tout cela dans un but précis : que l’information soit triée, organisée et offerte sur un plateau d’argent à chacun, qu’il soit dans sa voiture ou cuisinant son dîner. Sa mission sera réussie lorsque tout ce travail passera inaperçu. – MdV