Résumé :
Cet article examine les pratiques d’auto-mesure et d’autosurveillance d’un pasteur genevois et innovateur pédagogique du début du XIXe siècle, François-Marc-Louis Naville, qui utilisait abondamment les outils de calcul moral de Benjamin Franklin et un outil moins connu, le thermomètre moral de Marc-Antoine Jullien, pour diriger sa vie, surveiller et améliorer son caractère moral. Ma contribution met en lumière la façon dont les technologies de quantification ont façonné les notions de responsabilité personnelle et de caractère dans un contexte utilitaire émergent. Je situe l’utilisation de ces outils par Naville dans le cadre de son travail de pasteur dans une paroisse de la République de Genève (alors occupée) et dans le cadre du mouvement de réforme pédagogique genevois et suisse du début du XIXe siècle. Je présente un examen détaillé de la manière dont Naville a utilisé et adapté les outils de comptabilité morale de Franklin et de Jullien à ses propres fins morales et religieuses. Le temps, le don le plus précieux de Dieu à l’homme, a servi à Naville de mesure ultime de sa valeur morale.
Pour citer cet article : Maas, H. (2020). Monitoring the self: François-Marc-Louis Naville and his moral tables. History of Science, 58(2), 117–141. https://doi.org/10.1177/0073275319876851