Entre 1939 et 1945, une relative tolérance envers l’homosexualité règne en Suisse. Depuis 1942, le Code pénal dépénalise les relations entre adultes consentant·e·s sur l’ensemble du territoire. Née d’un compromis entre un progressisme et un conservatisme politique, juridique, voire médical, cette situation permet l’existence de l’association (et du journal) Der Kreis, unique en Europe. Mais derrière cette apparente bienveillance se cache une sévère condamnation psychiatrique de l’homosexualité.
Cet ouvrage offre un regard inédit en se basant sur des sources jusqu’alors inexplorées provenant de la justice militaire, qui punit depuis 1928 les relations sexuelles entre hommes, désignées comme des comportements « contre-nature ». Il démontre comment la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle les jeunes hommes suisses sont érigés comme les protecteurs de la nation et de la famille hétéronormée, entraîne l’exacerbation d’une certaine masculinité comme garante de l’ordre social.
Les affaires instruites par la justice militaire, qu’analyse ici Thierry Delessert (Section d’histoire), mettent en évidence une marge de liberté dans les grandes villes, mais aussi la surveillance policière et un opprobre social tenace. Cette étude explore ainsi de manière inédite et vivante la question de l’homosexualité en Suisse, en rendant visibles les vécus quotidiens de l’homosexualité.
Thierry Delessert, « Les homosexuels sont un danger absolu ». Homosexualité masculine en Suisse durant la Seconde Guerre mondiale, Lausanne, Antipodes, 2012.
ON EN PARLE DANS LES MÉDIAS
- L’homosexualité masculine en Suisse, SolidaritéS, 06.07.2012.
- Un gros livre paraît sur l’homosexualité en Suisse après 1942, Tribune de Genève, 10.07.2012.
- L’histoire de l’homosexualité en Suisse, L’Invité de la rédaction, 29.07.2016.