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Culture / Benjamin Constant, monument à visiter


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«Benjamin Constant», Léonard Burnand, Editions Perrin, 350 pages.



Il a sa rue à Lausanne. Mais faut-il pour autant découvrir le personnage? Indispensable même pour qui s’intéresse aux va-et-vient de la pensée politique du XVIIIème siècle à nos jours. Si le mot libéral a encore une noble connotation, c’est à lui qu’on le doit pour une bonne part. Le fil conducteur de sa vie (1767-1830), brûlant d’intensité, a pour nom: liberté. Qu’il invite à défendre face à tous les pouvoirs. Peu de penseurs de ce temps-là ont connu une telle gloire et une telle détestation (Henri Guillemin l’abhorrait). Et quel bonhomme! Orphelin de mère – morte en couches – , fils d’un officier lausannois au service des Pays-Bas, il apprend le latin à six ans, puis l’allemand et l’anglais, envoyé très jeune en Allemagne puis en Ecosse: «J’étudiai beaucoup mais je fis en même temps mille extravagances.» C’est peu dire, il cède à la passion du jeu, se ruine maintes fois. Cependant il épate partout par son intelligence et sa réthorique. Mais sa vie personnelle zigzague. Les femmes comptent tant pour lui. Surtout une, la brillantissime Germaine de Staël, la lumière de Coppet, qu’il courtise pendant des années avant qu’elle ne cède devant sa persévérance et son brillant esprit, en dépit de son visage ingrat et de sa tignasse rousse. L’imbroglio de l’héritage maternel et paternel, de ses relations intimes, de sa descendance, est resté longtemps mal connu. L'historien vaudois Léonard Burnand nous livre tout ou à peu près. La vie, la pensée, les clés de l’œuvre. Il a trouvé des lettres, des documents inédits. Ce volume est un monument. A la hauteur de son sujet. Qui connaît peu cette époque le lit avec aisance, plaisir et surprise. Qui a quelque fibre politique songera à la donne française d’aujourd’hui. On s’amuse à imaginer les tirades que Constant, le révolutionnaire modéré, adresserait à Mélenchon, Le Pen et Macron. Singulièrement proche, en fait, de ce dernier. 

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