Ecrivaines africaines: la sortie de l’invisibilité
Un important travail collectif met en lumière la lente reconnaissance des auteures d’Afrique et de la diaspora depuis les années 1980
En 1979, Mariama Bâ publie Une si longue lettre. Dans ce roman épistolaire, la Sénégalaise montre sans détour la situation des femmes africaines dans une société patriarcale. Le livre fait date. Certes, des écrivaines avaient pris la parole avant Mariama Bâ mais elles trouvaient difficilement à se faire publier. Le succès du roman a contribué à leur donner une légitimité. Les grandes maisons commencent à s’intéresser à elles, la critique, les jurys de prix littéraires et les lecteurs prennent conscience de leur existence. C’est d’ailleurs dans les années 1980 qu’un professeur suisse, en poste en Australie, Jean-Marie Volet, commence à recenser les auteures d’Afrique francophone. Il leur consacre deux sites, un essai et une collection de 3500 ouvrages dont il fait don, avec ses archives, à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCUL).
En 2020, ce corpus donne lieu à une exposition et à un colloque, qui a dû se tenir en ligne, et dont les contributions nourrissent Africana. Figures de femmes et formes de pouvoir, une somme de points de vue sur la création féminine – en littérature, mais aussi dans les autres arts. Les intervenants – auteures et universitaires – ont échangé depuis l’Afrique de l’Ouest et du Nord, l’Europe et l’Amérique du Nord, interrogeant les notions de centre et de périphérie ainsi que les stéréotypes de genre et d’origine.