Pionnier du libéralisme

Benjamin Constant, Léonard Burnand, Perrin, 2022, 350 p., 23 €.

La postérité de Benjamin Constant a souffert de sa réputation de girouette. Tour à tour monarchiste, puis républicain sous Thermidor et le Directoire, favorable au coup d’État du 18 Brumaire, rallié au retour des Bourbons, mais rédacteur de l’Acte additionnel à la demande de Napoléon pendant les Cent jours, député sous la Restauration avant de devenir l’un des protagonistes de la chute de Charles X, il passe pour un opportuniste avéré. Sa vie privée complète le tableau de ses fluctuations, ses amours tumultueuses avec Germaine de Staël atteignant le sommet de ses hésitations amoureuses tandis que son addiction au jeu en fait un éternel endetté. Pourtant, derrière ces oscillations et ces faiblesses de caractère, Constant est resté fidèle toute sa vie à ses convictions, qui font de lui un des pionniers, avec Mme de Staël, du libéralisme français.

Nommé au Tribunat par Bonaparte, le premier discours qu’il y prononce est pour défendre la liberté de discussion contre un exécutif autoritaire. Membre de la Chambre des députés à partir de 1819 (avec une courte absence entre 1822 et 1824), il devient, par son éloquence et l’acuité de sa pensée, le chef de file de la gauche libérale. Inlassable défenseur des libertés de la presse et de la pensée, il s’élève aussi contre la traite des Noirs et contre l’esclavage, bientôt acclamé par la jeunesse romantique et tous les adversaires des nostalgiques de l’Ancien régime. Parallèlement, Constant s’impose comme un penseur politique de premier plan qui s’exprime dans ses nombreux ouvrages (Principes politiques) et ses articles de journal (du Mercure au Courrier français), et il devient aussi avec Adolphe l’initiateur du roman d’analyse. Sa mort en 1830 donne lieu à une immense et fervente manifestation lors de ses funérailles.

Léonard Burnand, directeur de l’Institut Benjamin Constant et professeur à l’université de Lausanne, retrace de manière remarquable la vie peu commune du grand écrivain, en s’appuyant notamment sur des sources inédites qui lui permettent de corriger certaines erreurs de ses prédécesseurs. Son livre devient la biographie de référence que la mémoire de Benjamin Constant méritait.

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