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Genre, les mots pour le dire

Alors que la contestation du modèle binaire a débordé de la scène militante pour s’étendre dans le débat public, les sujets médiatiques sur l’identité de genre ou la transidentité se sont multipliés. Un nouveau champ lexical s’est établi. D’où vient-il? Que révèle-t-il?

Photo: Heidi.news
Photo: Heidi.news

Un collègue m’avait mis sur la piste: «Lis les articles publiés sur Chelsea Manning en 2013. A l’époque, on ne savait pas du tout quoi écrire. Changer les pronoms nous semblait insurmontable», m’avait-il averti. Une dépêche intitulée «Manning veut changer de sexe», publiée le 23 août 2013 dans 20 minutes confirme sa remarque:

«Au lendemain de sa condamnation à 35 ans de prison, le jeune soldat américain a annoncé qu’il se ferait désormais appeler Chelsea. […] Bradley Manning avait évoqué ses troubles de l’identité sexuelle pendant son procès, présentant même une photo de lui travesti.» Pourtant, la veille, la Tribune de Genève rapportait que Chelsea Manning s’exprimait ainsi: «J’aimerais qu'à partir d'aujourd'hui on m'appelle par mon nouveau prénom et que l'on utilise le pronom féminin pour parler de moi.»

Contrairement à la demande de Chelsea Manning, 20 minutes a donc continué à utiliser les pronoms masculins pour parler d’elle. Il ne s’agit pas d’une spécificité du quotidien gratuit. D’après la veille médiatique effectuée, les autres journaux francophones ont rapporté la nouvelle avec plus ou moins le même champ lexical.

Près de huit ans plus tard, la publication d’un tel article semble inimaginable. «Les erreurs de genration ou de pronoms sont beaucoup moins nombreuses», observe Arnaud Alessandrin, professeur à l'Université de Bordeaux spécialisé dans les questions de genre.

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