abo Les monstres déconstruits par le directeur de la Maison d'Ailleurs

©Benjamin Lacombe
©Benjamin Lacombe

Dix salles, deux artistes invités, des parcours tous publics, une scénographie immersive et monumentale qui rappelle les décors clinquants des cirques itinérants du 19ème siècle: la Maison d’Ailleurs d’Yverdon s’est métamorphosée pour accueillir «Je est un monstre», l’exposition qui se tiendra dans ses murs jusqu’au 24 octobre 2021.

Pourquoi on en parle. En plus des pièces tirées des collections du musée, les illustrations de Benjamin Lacombe (France) et de Laurent Durieux (Belgique), exposées pour la première fois en Suisse, guident les visiteurs au milieu des freaks, des monstres mythologiques, de fées et de fantômes, de diables et de sorcières, avec Frankenstein et Dracula, Alice au Pays des Merveilles ou le Magicien d’Oz… Autant de créatures atypiques qui nous révèlent à nous-mêmes.

Mais qu’est ce qu’un monstre? Nous avons profité de l’occasion pour déconstruire quelques idées reçues avec Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs.

Les monstres ne font pas tous peur: «Le monstre qui fait peur date seulement de la fin du 19ème siècle, amené par des courants esthétiques tels la littérature fantastique ou le cinéma d’horreur des années 20. Le Grec d’avant Jésus-Christ n’avait pas peur du Cyclope de l’Odyssée; il n’était pas censé représenter une créature réaliste. Son rôle était d’incarner deux grandes monstruosités contraires aux principes de la civilisation: il ne respectait pas les dieux et mangeait n’importe comment. En conséquence, il n’avait qu’un œil, donc une vue étriquée – un barbare. Le Cyclope était l’image réflexive de ce qu’il pouvait arriver à ceux qui ne respectaient pas les piliers du pacte social. Idem dans le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris. Quasimodo ne fait pas peur, ou alors seulement aux conservateurs catholiques incarnés par Frollo, qui passe son temps à l’exclure à cause de sa différence. Quasimodo existe pour pointer le véritable monstre du roman, l’église.»

Cet article est réservé aux abonnés.

Pour lire la suite de cet article et des milliers d'autres, abonnez-vous à partir de CHF 12.- par mois.

Le journalisme de qualité nécessite du temps, de l'investigation et des moyens. Heidi.news est sans publicité. L'avenir de votre média dépend de vous.

Pas sûr·e de vouloir vous engager? Votre premier abonnement comprend 30 jours d'essai gratuit.

Je profite des 30 premiers jours gratuits