Bâtiments du XXe siècle«Tout le monde verra son patrimoine reconnu»
Dave Lüthi, professeur d’histoire de l’architecture et du patrimoine à l’UNIL et figure de la défense du patrimoine, salue une étape qui fera date.
Protéger quelques centaines de bâtiments, sur un parc immobilier qui dépasse les 200’000 numéros, c’est réellement une étape?
Oui sans aucun doute. Parce que pour la première fois, on reconnaît la valeur de logements sociaux et de barres d’immeubles par exemple, et non plus seulement des monuments «classiques», généralement le fait des classes dominantes. Il faut conserver les deux évidemment. Mais c’est un tournant social majeur de notre politique: tout le monde verra son patrimoine reconnu. Par là on peut espérer qu’un nouveau public, jeune, branché, populaire, s’intéresse à notre héritage.
Des villas Bauhaus ou des bureaux de Tschumi étaient pourtant déjà classés, non?
Oui, bien sûr. Mais le patrimoine du XXe siècle nous force à percevoir différemment les choses. Il s’agit souvent d’ensembles, des quartiers entiers, conçus d’une seule traite et dont la qualité découle justement de l’ampleur. Il faut aussi tenir compte de bâtiments d’un intérêt a priori mineur, le patrimoine du quotidien.
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Protéger des viaducs, c’est changer la vision de ce qui est un monument historique?
Le patrimoine récent est moins désincarné que des cathédrales et des palais, parce qu’il a notamment une fonction, un usage essentiel à notre mode de vie. C’est son ADN même. Les autoroutes seront les vestiges majeurs des Trente glorieuses, ils sont les monuments et le témoignage d’une génération. La question se pose pour notre génération aussi, quel patrimoine allons-nous produire et transmettre?
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