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Crise à RennazAvec Pierre-François Leyvraz à la tête de l’HRC, certains craignent une «mainmise du CHUV»

Pierre-François Leyvraz, le nouveau directeur général par intérim de l’Hôpital Riviera-Chablais, pose lors d’une conférence de presse le jeudi 4 juin 2020 a Rennaz. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

C’était déjà écrit dans le rapport de la Commission intercantonale de contrôle de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC), comme l’a révélé mercredi «Le Nouvelliste». Cela a été confirmé au personnel de l’hôpital ce jeudi en début d’après-midi, puis en conférence de presse, en présence des ministres vaudoise et valaisanne de la Santé: Pierre-François Leyvraz assurera l’intérim à la direction de l’HRC. L’ex-directeur du CHUV avait été appelé en renfort à Rennaz dès le mois de mars. Il résume ainsi le changement de son mandat: «Avant, j’étais là pour conseiller. Maintenant, je vais prendre les décisions.»

Avant tout, Pierre-François Leyvraz veut s’atteler à «calmer la situation des collaborateurs et rétablir la confiance, non seulement à l’interne mais également à l’extérieur, en raffermissant les liens avec la communauté sanitaire de toute la région», soit les médecins de premier recours, qui envoient leurs patients à l’hôpital. Comme il l’avait déjà déclaré à «24 heures», Pierre-François Leyvraz souhaite «décloisonner les services, pour créer une prise en charge transversale des patients», ce qui devrait améliorer le fonctionnement des Urgences, où des temps d’attente excessifs ont été dénoncés par de nombreux patients.

Des voix s’élèvent contre «la mainmise du CHUV»

«Je vais tenter d’améliorer les liens avec les hôpitaux qui nous avoisinent: l’Hôpital du Valais, le CHUV ou les HUG.» Ce point fait grincer des dents: «Pierre-François Leyvraz a été imposé par l’État. Il va défendre les intérêts et la mainmise du CHUV», affirme un médecin de l’HRC sous couvert d’anonymat. «La crainte est que l’hôpital universitaire prenne la main sur des services, comme la gynécologie ou l’oncologie, affirme un démissionnaire de l’HRC. Comment sauver l’HRC si des activités économiquement bénéficiaires lui sont enlevées, confisquées?»

«Ces craintes sont injustifiées, répond Pierre-François Leyvraz. J’ai déjà prévu de mettre en place des conventions, pour lesquelles mes rapports avec le CHUV vont au contraire être facilitateurs. Cela permettra de bénéficier de compétences universitaires ou de plateaux techniques particuliers. Par exemple, le cas d’un patient atteint d’un cancer de la prostate pourra être discuté au CHUV dans un «tumor board» (ndlr: un colloque pluridisciplinaire de spécialistes des tumeurs) puis suivre sa chimiothérapie à Rennaz.» «Des «tumor boards» se font de manière compétente à l’HRC, réplique un démissionnaire. Si on les enlève de Rennaz, plus aucun oncologue ne voudra venir à l’HRC pour travailler sans liberté thérapeutique sous tutelle du CHUV, qui triera les cas pour se garder ceux à opérer.»

«Nous n’allons pas envoyer au CHUV ce qui rapporte de l’argent, mais certains domaines se prêtent aux réseaux sans forcément avoir les spécialistes dans la même salle, estime le professeur Didier Trono, virologue membre du Conseil d’établissement de l’HRC, à qui une fonction spécifique de lien entre la direction et le conseil vient d’être assignée. Même si des réunions ou des analyses de résultats peuvent se faire à distance, l’hôpital exprime sa volonté de mettre à disposition des patients de la région une technologie médicale optimale.»

Recrutement pas avant l’automne

Actuel directeur informatique et logistique à l’HRC, Arnaud Violland vient d’être nommé numéro 2 de l’hôpital: il secondera Pierre-François Leyvraz en tant que directeur général adjoint.

Quid de la direction financière, dont l’ex-titulaire a «été démissionnée»? «Le remplaçant, déjà trouvé, commencera progressivement en fonction de sa disponibilité. En attendant, nous avons renforcé cette direction», selon Marc-Etienne Diserens, président du Conseil d’établissement. La directrice médicale est, elle, toujours en arrêt maladie.

Les conseillères d’État ont justifié leur présence: «L’hôpital est autonome, mais dès le moment où il y a des problèmes, tout le monde va s’impliquer pour les résoudre et sortir de la crise», a affirmé Esther Waeber-Kalbermatten. «Nous ne sommes pas une autorité hiérarchique directe de l’hôpital, mais l’État doit assurer à la population de la région un accès à des soins de très haute qualité», a souligné Rebecca Ruiz. Qui s’inquiète, au vu de la demande de commission d’enquête parlementaire de la droite du Grand Conseil, d’une «instrumentalisation politique et économique», sous-entendant que la concurrence privée de la Riviera aurait tout intérêt à fragiliser l’HRC.

L’ex-directeur de l’HRC, Pascal Rubin, a annoncé sa démission le 28 mai. «Les audits en cours amèneront leur lot de recommandations. Il s’agira d’en tenir compte pour le cahier des charges du futur directeur», affirme Marc-Etienne Diserens. Les conclusions des audits étant attendues fin août, le recrutement du futur homme fort ne devrait donc pas démarrer avant l’automne. Pierre-François Leyvraz a affirmé qu’il n’assurerait pas l’intérim «plus d’une année».