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Protéger le climat, le dire ou le faire

OPINION. Des paysages aimés qui disparaissent devant nos yeux – c’est l’expérience qu’a refaite cet été le Prix Nobel de chimie Jacques Dubochet, qui appelle à un sursaut face aux bouleversements du climat

Le glacier du Mont-Miné, en novembre 2020.  — © bulbocode909 / Flickr
Le glacier du Mont-Miné, en novembre 2020. — © bulbocode909 / Flickr

Nous nous promenions l’autre jour dans le haut val d’Hérens. Pas là-haut, sur le plateau où, il y a quarante ans, s’unissaient les glaciers du Mont-Miné et de celui de Ferpècle et où, aujourd’hui, ceux qui ont aimé le lieu reçoivent comme un coup de poing au ventre à la vue de la brutale disparition des glaces, cette année, plus dramatique que jamais. Pour le moment, j’ai un problème de jambes – il passera sans doute – alors, nous étions simplement en promenade dans les prairies du haut de Villa. Nous rencontrons un couple qui faisait comme nous. La suite est inscrite dans la tradition du lieu; un premier s’exclame: «Comme c’est beau!» et chacun répond, par le silence ou en essayant de formuler le sentiment ressenti en face de la Dent-Blanche, la Dent-d’Hérens, le Pigne et la masse écrasante des Veisivi. Après quoi, la conversation s’engage; on se souvient de s’être déjà rencontrés, on pense à des amis communs et, ainsi, s’établit un moment de plaisante rencontre sociale.

C’est la mi-été; cette année, la situation impose le sujet de la conversation. «Jamais, nous n’avons vu une telle sécheresse, il n’y aura pas de regain, c’est la catastrophe!» Et voilà, c’est parti, la crise du climat, la mort de la vie, chacun s’y met à sa manière, chacun y va de son petit couplet, l’oraison est sans limite. C’est sûr, nous avons tout compris, l’humanité fonce droit dans le mur, visiblement il nous tient à cœur de le dire, encore et encore.

Malheureusement, j’entends surtout celui qui assure que le problème est trop grand, qu’on ne peut rien y faire, mais que lui, contrairement à d’autres, éteint toujours la lumière en sortant des toilettes et s’achètera bientôt une voiture électrique. Il y tient à sa bonne conscience. Il l’affirme et la défend.

Pour une fois, je ne suis pas monté sur les grands chevaux de ma diatribe habituelle. Elle énerve tout le monde et ne sert à rien. J’ai plutôt parlé de l’expédition que nous avons faite récemment avec mon petit-fils au secours des têtards de Ferpècle. J’en ai profité pour présenter l’association Les Grands-parents pour le climat.

Mes partenaires en avaient entendu parler, ils jugeaient le mouvement plutôt sympathique, quoique la participation à des manifestations de rue n’était pas leur tasse de thé. Je n’ai plus souvenir des détails de la suite de la conversation, toujours est-il qu’ils ont décidé de devenir membres.

Pour moi, cette décision, qui peut sembler minuscule, est fondamentale. Elle marque la différence entre celui qui dit et celui qui fait.

Oui, la situation est dramatique. Sauf changement fondamental de la société humaine, la vie de nos petits enfants s’annonce terrible. Nous le savons, là n’est pas la question. La seule ouverture porte sur ce que nous en faisons. D’une part, nous pouvons constater l’horreur, et vivre avec, comme nous l’avons toujours fait. Alternativement, nous pouvons décider que le monde doit vivre. La destruction n’est pas une fatalité, nous pouvons faire autrement, nous savons même exactement ce qu’il faut faire*.

Quoi donc?

Il faut faire que ça change!

Pour moi, pour vous, pour nous tous, ce sera chacun à sa façon. Mais surtout, c’est de nos dirigeants qu’il faut exiger le changement, rapide, global et courageux, dont notre monde a urgemment besoin. Allez, on y va!

Ami! GPclimat, c’est ici: https://www.gpclimat.ch/adherer/.

La prochaine manifestation, c’est là:https://maintenant-agir.ch.

Ce sera le samedi 3 septembre à 14h, à Lausanne, place de la Gare, c’est facile, c’est sympa, c’est autorisé par la police.

Je me réjouis de vous y retrouver.

*Au cas où quelqu’un l’aurait oublié, le premier pas consiste à abandonner, très vite, l’usage des combustibles fossiles.