Edito n°6

8 mai 2025

Formation des futurs médecins : changer des choses, et vite !

Constat : la médecine ne fait plus rêver. Des études montrent en effet une désaffection pour le métier. Comme ce sondage réalisé en 2023 par la Swisma, l’Association suisse des étudiants en médecine, qui montrait qu’un tiers d’entre eux hésitaient à abandonner leurs études alors même qu’ils touchaient au but. Les résultats de la cohorte suisse des professionnel·les de santé (Scohpica) donnent un son de cloche similaire, indiquant que les médecins, eux aussi, se posent beaucoup de questions sur la suite de leur parcours professionnel.

Ce constat, nous le faisons aussi au niveau de la FBM et il est quantifié en partie via des travaux de recherche en cours du Pr Alexandre Berney. Il faut donc – c’est presque devenu un mantra – «réenchanter» la médecine. Mais comment faire ?

Le Pr Idris Guessous, vice-doyen à la Faculté de médecine de l’UNIGE, livrait fin 2024 quelques pistes intéressantes dans la Revue médicale suisse: il faut renforcer le sentiment d’appartenance des médecins à leur métier, alors que le poids de la technologie, mais aussi la bureaucratisation, induisent une approche de plus en plus «technique» de la profession. Au risque d’en faire un métier… comme un autre.  Réintroduire les rituels de passage, mettre en exergue des récits inspirants, renforcer la participation de tous·tes à la définition de leur métier, bref redonner son plein sens à la profession. Sans occulter des questions plus larges, les turbulences sociétales et économiques, la revalorisation salariale des généralistes, etc.

Mais que faire au niveau de la FBM, dans la formation des futur·e ·s collègues ? Un groupe de réflexion constitué de dix étudiant·es des volées B2-M3, d’une quinzaine d’enseignant·es reconnu·es pour leur excellence, de membres de l’école de médecine de la FBM et des décanats de Genève et Fribourg, a initié ses travaux le 26 mars passé. Des problèmes ont été clairement identifiés, comme la charge excessive de travail en prégradué, des incohérences du cursus, le manque d’exposition clinique et, en post-gradué, la transition délicate vers l’assistanat : un moment vécu comme «peu structuré», voire «chaotique». En toile de fond aussi, la difficulté à trouver un bon équilibre de vie : la médecine a longtemps été un sacerdoce, et la nouvelle génération n’en veut plus. Deux autres rencontres sont prévues en mai. A terme, une communication large sera faite auprès de la communauté estudiantine.

«Rituel», «sacerdoce», le glissement vers le spirituel ne doit pas nous égarer. Car nous devons aujourd’hui trouver des solutions pratiques, faisables, à un problème (le désenchantement) de plus en plus urgent. Objectif : identifier rapidement des pistes d’action concrètes. Ou comment à partir d’un certain désenchantement (quand le travail perd son sens) aller vers l’émerveillement d’un métier qui le mérite. La parution récente de l’ouvrage Des regards et des maux du Dr François Pilet, médecin de famille, nous donne déjà des pistes.

Patrick Bodenmann, vice-Doyen Enseignement et diversité FBM