Dimitri Prod’hom était étudiant en 3e année de Bachelor pendant la période du confinement. Il fait partie des 28% qui ont préféré visionner les cours à distance (contre 54% qui estiment préférer l’enseignement en présentiel selon l’enquête de l’Unité de pédagogie médicale réalisée auprès des étudiant·e·s de Bachelor). Il répond à nos questions.
Étudier à distance, pour vous, c’était comment ?
Cela n’a pas fait l’unanimité. Mais en ce qui me concerne, j’ai bien aimé, en tout cas pendant la période COVID. J’ai gagné énormément de temps. En trajet notamment. Mais aussi en étant plus efficace : pendant les cours, je perds facilement l’attention et une fois que l’information est passée, c’est trop tard. À distance, je pouvais utiliser la fonction pause, ce qui me permettait de ne rien rater. Et si cela allait trop lentement, je pouvais accélérer. En fin de compte, je n’ai visionné mes cours qu’une seule fois, avec une prise de notes bien meilleure.
L’expérience est donc concluante ?
Plutôt oui pour moi. Mais là, en ce début d’année, je suis en train de revoir mon avis ! Les journées sont un peu longues.
Est-ce que l’enseignement à distance a été synonyme de perte d’interactivité avec les enseignant·e·s ?
Je vais faire un peu de provocation. Selon moi, les interactions avec l’enseignant sont déjà très peu fréquentes dans les cours de Bachelor (… avec quelques exceptions). La réponse est donc non, je n’ai pas perdu l’interactivité avec les enseignants.
Mais les quelques cours qui étaient interactifs le sont restés. C’est par exemple le cas des cours de raisonnements cliniques intégrés (RCI). Ces cours se veulent très interactifs et le Dr Jenelten a réussi à maintenir cette interactivité via Zoom.
Qu’est-ce que qui vous a manqué dans cette période (sur le plan de l’enseignement) ?
La clinique. Sur les 10 journées de formation prévues, j’ai perdu un enseignement au cabinet du praticien (ECP) et trois enseignements au lit du malade (ELM), ce qui n’est pas négligeable. Mais sur le plan théorique, j’ai peu perdu.
Votre avis pour la suite ?
Je privilégierais quelque chose de « bimodal » avec des cours en ligne et dans l’auditoire. Si je suis à jour, je peux me permettre d’aller au cours, de voir du monde et d’interagir si cela est possible. Sinon, je suis les cours depuis la maison.
Est-ce que la version comodale proposée actuellement répond à vos attentes ?
(Hésitations) En fait, nous avons perdu en interactivité avec le « comodal » de cette rentrée. L’enseignement des premières semaines nous a été donné via Zoom* et il y avait beaucoup d’interactivité via le chat. On n’avait jamais vu ça dans les auditoires ! Maintenant que c’est en streaming, seuls ceux qui sont en auditoire peuvent poser les questions. C’est un peu dommage. Il est vrai que certains enseignants nous proposent d’interagir à distance avec l’application SpeakUp, mais ce système me paraît bien plus « brouillon ». Et il faut ajouter que le streaming n’a pas toujours bien fonctionné cette semaine.
* pour la volée MMed1, l’enseignement comodal n’a pu se mettre en place qu’à partir du 28 septembre. Les deux premières semaines de cours ont été données à distance uniquement.
Revenons à la période de confinement. Avez-vous appréhendé la tenue d’examens en ligne en juillet ?
Le format des examens ne m’a pas stressé plus que cela et pour ma part, j’ai pu bénéficier de conditions idéales, dans le calme. J’ai pris mon petit déjeuner comme d’habitude et un café trois minutes avant le début de l’examen ! Le stress était bien moins important que dans les couloirs de l’université juste avant le début de l’examen.
C’est plutôt le déplacement des dates d’examens au milieu de l’été qui m’a posé problème. Et aussi, un petit peu, la crainte de ne pas être joignable par le Bureau des examens à cause du mauvais réseau téléphonique chez moi.
Est-ce que le Bureau des examens vous a bien informé et bien préparé pour ces examens en ligne et à distance ?
Oui et j’ai aussi apprécié les examens à blanc. Comme il s’agissait de questions sur la matière que nous étions en train d’apprendre et pas seulement de questions triviales pour nous permettre de maîtriser l’outil, cela m’a en plus permis de me situer.
À votre avis, est-ce que ces examens en ligne et à distance ont permis d’évaluer les compétences des étudiant·e·s de façon adéquate ?
Pas moins que d’habitude. Mais on peut questionner le format actuel des examens. Je pense qu’à l’avenir le format en ligne offrira des possibilités plus intéressantes que les QCM standards, avec de la vidéo, du son, des questions de raisonnement clinique…
Une conclusion personnelle ?
S’il devient possible de suivre les cours en ligne, l’interactivité sera un facteur motivant pour que les étudiants se déplacent dans l’auditoire. Un enseignant qui a envie d’avoir du monde dans son auditoire devra être interactif. Ce qu’il faudrait, ce sont des cours moins denses qui laissent un peu de place à des discussions ou des cas pratiques.